Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment d'assiette. Face externeImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Fragment d'assiette. Face interneImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Opération 47 > Sous-opération A > Lot 42 > Numéro de catalogue 15

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines
Palais

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment d'assiette fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il a été trouvé dans la fosse maçonnée des latrines occidentales du second palais de l'intendant à Québec. Il témoigne de l'utilisation de l'assiette en terre cuite commune au cours du deuxième quart du XVIIIe siècle, probablement par les domestiques de l'intendant de la Nouvelle-France.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Ce fragment d'assiette est associé à un objet en terre cuite grossière de couleur rouge, lié à l'alimentation. Il est recouvert d'une glaçure incolore. Tant la face que le dos de ce tesson sont décorés, ce qui est rare sur les assiettes.

La Ligurie, en Italie, est considérée comme étant le lieu d'origine de cette terre cuite. Des recherches récentes tendent à démontrer que certaines régions du sud de la France, dont la vallée de l'Huveaune, en auraient aussi produit, mais la forme du décor et la couleur de la glaçure en diffèrent légèrement.

L'importation de cette terre cuite en Nouvelle-France débute au milieu du XVIIIe siècle et se termine en 1759.

Bien que ce fragment provienne d'un contexte archéologique daté entre 1768 environ et 1775, il est certain que l'assiette est importée dans la colonie avant 1759, soit à l'époque durant laquelle le palais, à Québec, est occupé par un intendant français. Cette assiette a pu être acquise et utilisée par les intendants Gilles Hocquart (1729-1748) ou François Bigot (1748-1759). Il est cependant plus probable qu'il s'agisse de Bigot, comme le suggère la datation de cette assiette. Il demeure aussi possible que Hocquart l'ait acquise avant son retour en France.

Compte tenu de sa qualité, cette assiette devait être utilisée par les domestiques de l'intendant et conservée dans une des salles des caves du palais, où se trouvaient aussi la cuisine et l'office.

Ce fragment d'assiette a été découvert en 2005. Il provient des latrines du second palais de l'intendant à Québec, qui est construit de 1715 à 1719. Sur les plans datés de 1715, de 1718 et de 1726, la cuisine et l'office se situent dans la partie ouest du palais, proches de la fosse des latrines où est trouvé l'artéfact. En effet, des latrines extérieures, aménagées sur deux étages, sont ajoutées près des flancs extérieurs des avant-corps latéraux ouest et est en 1721 ou 1722. Elles sont munies chacune d'une fosse maçonnée et voûtée et sont reliées au palais par des passerelles fermées.

Incendié en 1725, alors que seuls ses murs, voûtes et cheminées sont conservés, le palais est reconstruit en 1726.

Le second palais sert de résidence à quatre des intendants de la Nouvelle-France établis à Québec : Michel Bégon de la Picardière (1710-1724), Claude-Thomas Dupuy (1726-1728), Gilles Hocquart (1729-1748) et François Bigot (1748-1759).

À la suite de la reddition de la ville de Québec à l'armée britannique en septembre 1759, le second palais sert de quartiers à divers régiments de l'armée. L'armée britannique déserte le palais à l'automne 1775, lors du siège de Québec par les troupes américaines. Celles-ci investissent le palais pour quelque temps, avant d'en être chassées par les bombes tirées sur l'édifice par les artilleurs anglais. Le palais est alors incendié et ne sera jamais reconstruit.

RÉFÉRENCES

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BARTON, Kenneth James et E. Ann SMITH. Terres cuites grossières provenant de la forteresse de Louisbourg/Verre datant présumément du premier siège de Louisbourg. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, 1981. 275 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Les modes de vie à Québec et à Louisbourg au milieu du XVIIIe siècle à partir de collections archéologiques. Collection Patrimoines, série Dossiers, 86. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1994. s.p.
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MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
MOUSSETTE, Marcel. Les terres cuites communes des maisons Estèbe et Boisseau. Collection Patrimoines, série Dossiers, 51. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1996. 184 p.
PARENT, Caroline. L'hygiène personnelle des membres de l'élite administrative française au XVIIIe siècle : étude des objets de l'hygiène contenus dans les latrines ouest du second palais de l'intendant à Québec (CeEt-30) (1719-1759). Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine/Université Laval, 2011. 66 p.