Laboratoire d'archéologie du Québec
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Cendrée. Vue généraleImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-101 > Opération 15 > Sous-opération A > Lot 14m > Numéro de catalogue 1368

Contexte(s) archéologique(s)

Cour intérieure
Fort

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

commerciale : poste de traite
religieuse
militaire
domestique
entreposage
halte, lieu de surveillance
agricole
institutionnelle
commerciale

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La cendrée fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle a été trouvée dans la cour intérieure du fort de Ville-Marie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette cendrée a probablement été coulée à partir de plomb pur et a été moulée dans un moule portatif en deux parties. Le renflement visible en surface de la cendrée provient du jet de coulée, qui témoigne du moulage de la balle dans un moule. Une fois la cendrée moulée et le plomb refroidi, le jet de coulée est coupé au moyen d'une pince coupante. Une petite portion de la base du jet de coulée est laissée sur la cendrée lors de cette opération. La présence de ce renflement indique que la base du jet n'a pas été limée une fois celui-ci coupé.

La cendrée est principalement utilisée comme projectile pour la chasse au petit gibier, mais parfois aussi pour la guerre. Elle peut être chargée avec une cendrée ou quelques autres cendrées du même diamètre dans une arme d'épaule, comme une arquebuse à rouet, un mousquet ou un fusil à silex. Cette cendrée ne semble pas avoir été tirée, ou du moins ne paraît pas avoir frappé une cible dure, car elle n'est pas déformée.

L'objet a pu être envoyé déjà fabriqué en Amérique depuis l'Europe. Les quantités de cendrées moulées envoyées dans la colonie depuis la France se calculent alors selon le poids total des envois, en livres. Les cendrées sont expédiées dans de petits barils en bois, chacun en renfermant plusieurs milliers. À l'époque, le plomb est envoyé dans la colonie sous la forme de feuilles ou de lingots.

À l'époque de la Nouvelle-France, la cendrée est connue sous divers termes : plomb à giboyer, plomb, dragée, menu plomb. Il existe alors plusieurs types de plombs à giboyer, comme le plomb à outarde, le plomb à canard et le plomb à pigeon sauvage, royal ou demi-royal. Ils sont probablement distingués par leur diamètre ou leur grosseur.

Cette cendrée a été mise au jour en 2014 sur le site du fort de Ville-Marie, à Montréal. Ce fort est construit en 1642, agrandi en 1643 et abandonné à partir de 1665, à la suite du départ de Paul de Chomedey de Maisonneuve, l'un des fondateurs de Ville-Marie.

Il est possible que cette cendrée ait été perdue dans le fort par les soldats qui le protégeaient. Il se peut aussi qu'elle ait été tirée de l'extérieur du fort à l'intérieur de ce dernier par des Autochtones qui venaient escarmoucher. La cendrée aurait ainsi manqué sa cible et serait tombée sur le champ de parade. De nombreuses munitions de divers calibres ont d'ailleurs été trouvées par les archéologues à l'intérieur du fort de Ville-Marie.

Si cette cendrée a été tirée à l'intérieur du fort depuis l'extérieur, elle l'a probablement été par des Iroquois, en guerre contre les Français à l'époque. Les Iroquois sont alors le plus souvent pourvus en armes et en munitions par les Hollandais établis à Albany et à Orange, aux États-Unis actuels.

Le diamètre de cette cendrée permet toutefois de la considérer comme un projectile pour la chasse.

Par ailleurs, des parties de fusils et des pierres à fusil ont été trouvées dans le fort de Ville-Marie, et ce, dans un contexte contemporain de cette cendrée.

RÉFÉRENCES

BRUSETH, James E. et Toni S. TURNER. From a watery grave : the discovery and excavation of La Salle's shipwreck, La Belle. College Station, A&M University Press, 2005. 159 p.
Ethnoscop inc. Domaine de Callière / Fort Ville-Marie. 214, Place d'Youville (BjFj-101). Fouilles archéologiques 2014. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal/Ville de Montréal/MCCQ, 2015. 105 p.
HAMILTON, T.M. Colonial Frontier Guns. Union City, Pioneer Press, 1987. 176 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Analyse de la collection archéologique pour fins d’interprétation, site BjFj-101, Fort de Ville-Marie / Domaine de Callière. [Document inédit], Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2015. 107 p.