Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à la verticaleImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. vue du trou d'enfilageImage
Photo : Hendrik Van Gijseghem 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-101 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 26 > Numéro de catalogue 420

Contexte(s) archéologique(s)

Fort

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

commerciale : poste de traite
religieuse
militaire
domestique
entreposage
halte, lieu de surveillance
agricole
institutionnelle
commerciale

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle a été mise au jour sur le site du fort de Ville-Marie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette perle en verre opaque coloré bleu est fabriquée à Murano, en Italie. Elle est de forme sphérique et est aplatie aux pôles. L'objet de conception artisanale est percé d'un petit trou qui le traverse sur le sens de l'épaisseur.

L'objet est conçu selon la méthode du verre étiré, qui consiste à étirer une masse de verre en un long tube à l'aide d'une canne à souffler et d'un pontil. Ce tube est ensuite cassé en petits tubes, qui sont à leur tour divisés en plus petits segments. Les perles sont ensuite mises dans un tonneau en fer chauffé, rempli de sable, puis tourné afin d'abraser les arêtes des perles. Pour le polissage, les perles sont mises dans un sac, qui est ensuite secoué par deux hommes. À la fin, les perles sont triées selon leur format, puis enfilées sur des cordelettes.

À cette époque en Amérique du Nord, la perle sert à la parure des personnes, des vêtements et des articles artisanaux fabriqués par les Autochtones. Elle est cousue sur des pièces en cuir, en tissu ou en écorce au moyen de fils en tissu ou de poils de porc-épic. L'objet peut servir de monnaie d'échange lors de la traite des fourrures entre les Français et les Autochtones.

Les perles en verre coloré d'origine européenne s'ajoutent aux perles de « wampum » (coquillage) comme élément décoratif chez les nations autochtones de l'est de l'Amérique. Utilisées tant par les hommes que par les femmes, elles peuvent servir de bijoux lorsqu'elles sont suspendues aux oreilles ou en longs chapelets enroulés autour du cou, des poignets ou au-dessus du coude. Elles sont aussi utilisées pour attacher les cheveux, pour orner les vêtements en peau et en fourrure, et pour parer la partie supérieure des porte-bébés. Les Jésuites donnent également des perles en verre et des bagues en laiton aux enfants et aux adultes autochtones qui savent réciter parfaitement les prières essentielles, afin de les récompenser.

Les quantités de perles apportées par les Français dans la colonie se comptent alors à la livre ou même à la brasse, mesure qui correspond à l'envergure des bras. Tout au long de la période coloniale française, les Français échangent et donnent des perles aux groupes autochtones avec lesquels ils commercent. Lorsqu'elles sont rondes ou ovales, les perles sont désignées par les Français sous le vocable de « grains de rassade ». La France et l'Allemagne produisent aussi des perles au XVIIe siècle, mais dans une mesure moindre que l'Italie.

Cette perle a pu être importée dans la colonie dans une boîte en bois, attachée avec des perles identiques sur des cordelettes d'un peu plus 60 cm de longueur. Chaque boîte de ce type est alors remplie de centaines de cordelettes, chacune garnie de perles d'une même couleur. Les perles peuvent être bleues, blanches, noires, vertes ou rouges.

Cette perle a été mise au jour en 2006 sur le site du fort de Ville-Marie, à Montréal. Ce fort est construit en 1642, agrandi en 1643 et abandonné à partir de 1665, à la suite du départ de Paul de Chomedey de Maisonneuve, l'un des fondateurs de Ville-Marie. Le contexte archéologique de l'objet semble postérieur à 1665, mais il demeure possible qu'il ait été utilisé à l'époque du fort.

La présence de cette perle en verre sur le site du fort indique qu'elle a pu être apportée sur place par des Français établis ou de passage dans le fort, puis échappée sur le sol ou encore troquée avec des Autochtones de passage.

RÉFÉRENCES

BÉLANGER, Christian et Brad LOEWEN. Fouilles archéologiques dans l'îlot Callière à Montréal, BjFj-101. Rapport d'activités 2006. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MCCQ/Ville de Montréal/Université de Montréal, 2008. 144 p.
BRUSETH, James E. et Toni S. TURNER. From a watery grave : the discovery and excavation of La Salle's shipwreck, La Belle. College Station, A&M University Press, 2005. 159 p.
DESJARDINS, Pauline et Geneviève DUGUAY. Pointe-à-Callière. L'aventure montréalaise. Montréal / Sillery, Vieux-Port de Montréal / Septentrion, 1992. 134 p.
KARKLINS, Karlis. Les parures de traite chez les peuples autochtones du Canada : un ouvrage de référence. Ottawa, Lieux historiques nationaux, Service des parcs, Environnement Canada, 1992. 255 p.
KIDD, Kenneth E. La fabrication des perles de verre, du Moyen Âge au début du XIXe siècle. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, Environnement Canada, 1979. 116 p.
LAMOTHE, Francis. La ville aux frontières : les perles de traite à Montréal aux XVIIe et XVIIIe siècles. Université de Montréal, 2006. 124 p.
WOODWARD, Arthur. Indian trade goods. Oregon Archaeological Society, publication, 2. Portland, Binfords & Mort, 1965. 38 p.