Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon. Vue généraleImage
Photo : Julie Toupin 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon. FaceImage
Photo : Julie Toupin 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon. DosImage
Photo : Julie Toupin 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon. Détail ouvertureImage
Photo : Julie Toupin 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DiDt-8 > Opération 6 > Sous-opération N > Lot 2 > Numéro de catalogue 144

Contexte(s) archéologique(s)

Épave

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Manicouagan

Municipalité

Baie-Trinité

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est associé à l'épave du navire Elizabeth and Mary (1690), site sur lequel il a été trouvé lors des fouilles subaquatiques, et parce qu'il appartenait sans doute à un officier.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon, fabriqué avant 1690, est un objet lié à la guerre. Le pommeau épouse la forme d'une douille à bouts droits, ouverte à sa base et fermée au sommet; la douille est légèrement fuselée vers le haut, et elle est ornée de deux anneaux incisés près de son sommet. Le pommeau est inséré au sommet de la poignée ou du manche de la baïonnette. Le sommet du pommeau est orné d'un bouton moulé en forme de tête de guerrier casqué. Le sommet de la tête est plat et percé d'un petit trou; il s'agit probablement d'un trou de fixation, qui permettait de consolider le pommeau sur la poignée en bois au moyen d'un petit clou. La base de la douille du pommeau est légèrement difforme; son diamètre extérieur varie entre 1,47 et 1,54 cm. Ces mesures indiquent que la baïonnette convenait probablement pour un canon de fusil de 1,6 ou de 1,7 cm de diamètre. Elle convenait donc pour un fusil de guerre, et non un fusil de chasse.

Le pommeau de poignée de baïonnette de type bouchon s'ajuste sur un manche en bois long de 16 cm environ. Le manche, fuselé vers sa partie antérieure, se termine par un renflement ou houle d'adhérence de manière à se coincer facilement dans le canon de l'arme à feu. La baïonnette de type bouchon, d'une longueur totale de 46 cm, présente une lame plate droite à pointe centrée ou décentrée longue de 30 cm. La lame à pointe décentrée est à tranchant simple, sauf vers son extrémité antérieure, où elle devient à double tranchant.

Cette arme doit peut-être son nom à Bayonne, une ville du Pays basque, région du sud-ouest de la France, et autrefois réputée pour sa coutellerie. La baïonnette est utilisée à la chasse depuis le XVIe siècle. Elle est composée d'une lame et d'un manche. Ce dernier est enfoncé dans le canon de l'arme à feu, qui devient ainsi un épieu servant à achever le gros gibier. Employée la première fois en 1647 à Ypres par l'armée française, la baïonnette à manche ou à bouchon permet de transformer les mousquetaires en piquiers une fois leur arme déchargée. La baïonnette de type bouchon peut aussi servir de dague, lors des combats corps à corps.

La baïonnette de type bouchon s'impose d'abord dans l'armée française en 1671, alors qu'elle ne fera partie de l'équipement règlementaire du fusilier anglais qu'en 1685. Peu pratique car, une fois fixée, elle empêche le soldat de recharger son arme et de tirer, elle est remplacée en 1689 par la baïonnette à douille, inventée par le marquis de Vauban, maréchal de France. L'Angleterre et l'Allemagne l'adopteront à leur tour une dizaine d'années plus tard.

Au moment de l'expédition du Elizabeth and Mary, la baïonnette est apparue depuis peu dans l'équipement militaire britannique. Ce type d'extrémité de baïonnette se retrouve sur les baïonnettes de type bouchon produites en Angleterre en 1686 pour la Garde royale de Jacques II, qui consistait en fait en un régiment de fusiliers. L'officier à qui appartenait cette baïonnette a ainsi apporté sa plus récente acquisition.

Cet artéfact a été mis au jour en 1996 lors de fouilles subaquatiques réalisées dans l'épave du Elizabeth and Mary, un navire ayant fait naufrage en 1690 à Baie-Trinité après le siège de Québec par sir William Phips.

RÉFÉRENCES

KELLY, James C. et Barbara Clark SMITH. Jamestown, Québec, Santa Fe : three North American beginnings. Washington, Smithsonian Books, 2007. 191 p.
NORRIS, John. Fix Bayonets!. Barnsley, Pen & Sword Books Limited, 2016. 240 p.
PETERSON, Harold L. « The Military Equipment of the Plymouth and Bay Colonies, 1620-1690 ». The New England Quarterly. Vol. 20, no 2 (1947), p. 197-208.