La pipe a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée à l'occupation du site de l'Habitation. De plus, elle a été choisie parce qu'elle présente des caractéristiques représentatives de la typologie des pipes en terre cuite en vigueur.

La pipe est probablement façonnée au XVIIe siècle par un pipier de Rouen, mais aucune preuve ne permet de le confirmer avec certitude. De facture très peu soignée, la pipe est faite de terre cuite fine argileuse et blanche. Elle présente un fourneau globulaire élancé de capacité moyenne et un talon plat de section ronde. Le fourneau forme un angle très obtus avec le tuyau. Une section de ce dernier ainsi qu'une section de l'embout sont manquants.

La pipe sert à la consommation de narcotiques tels que le tabac. Une pipe complète de ce modèle mesure environ 22 cm de longueur totale, incluant le tuyau. Cette pipe ne semble toutefois pas avoir servi, car l'intérieur du fourneau ne présente aucune trace de combustion. À l'époque, puisque les Français ne fumaient que très peu, il est possible que cette pipe ait été destinée aux échanges commerciaux avec les Autochtones. Cette pipe fait probablement partie d'une « grosse », une caisse contenant douze douzaines de pipes.

La pipe est mise au jour en 1980 sur le site de l'Habitation. Ce site constitue le premier établissement français permanent en Amérique du Nord et est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632. La pipe s'apparente à un lot de 125 pipes similaires retrouvées dans la tour nord-ouest de la seconde habitation. Cette pipe possède des dimensions supérieures aux autres pipes retrouvées et sa production pourrait être postérieure à 1640, malgré la datation du contexte archéologique entre 1624 et 1632.

D'autres pipes identiques à celles du lot retrouvé dans la tour nord-ouest ont été retrouvées sur le site des Châteaux-et-Forts-Saint-Louis, à la différence que ces dernières portent des traces d'utilisation. Il est possible que ces pipes aient servi aux Autochtones ayant visité le fort, puisqu'elles ont été retrouvées avec des pipes de tradition huronne.