Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Bague dite « jésuite ». DosImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Émilie Deschênes 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Bague dite « jésuite ». Vue de faceImage
Photo : Julie Toupin 2017, © Ville de Québec

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Bague dite « jésuite ». Vue de dosImage
Photo : Julie Toupin 2017, © Ville de Québec

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Opération 27 > Sous-opération C > Lot 92 > Numéro de catalogue 3

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Magasins du Roi

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est représentative des bagues découpées-assemblées à décor estampé au poinçon, un mode de fabrication rare dans les collections du Québec. Elle a aussi été choisie en raison de la rareté du type stylistique « motif végétal » et de son contexte archéologique de découverte.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est confectionnée dans un alliage de cuivre impur ou de laiton à faible titre de zinc. Les fondeurs des XVIIe et XVIIIe siècles ne distinguent pas nécessairement ces deux alliages, qui partagent plusieurs propriétés, dont une couleur rouge orangé, une grande malléabilité et une forte résistance à la corrosion. Cette bague est associée au modèle de bague découpée-assemblée à décor estampé au poinçon. Importé de France, ce modèle aurait transité par le port commercial de Bordeaux. Ce port commence à armer régulièrement des navires pour le Canada en 1671 et domine les échanges durant les deux dernières décennies du Régime français (vers 1740-vers 1760).

La mise en forme de la bague combine plusieurs techniques pour fabriquer la plaque et l'anneau, puis pour les assembler. La fabrication de la plaque s'effectue à partir d'une grande plaque de métal dans laquelle une petite plaque ovale est découpée à la scie. La fabrication de l'anneau débute par la confection d'un fil. Celui-ci est obtenu en coulant une tige de métal dans une lingotière, puis en l'étirant par martelage ou par tréfilage à la filière. Le fil est ensuite courbé par pliage à l'aide d'une pince à mâchoires cylindriques ou par martelage sur un triboulet. La dernière étape consiste à assembler la plaque et l'anneau par brasage.

La technique de décoration utilisée est l'estampage au poinçon. Cette technique consiste à imprimer un motif en creux sur la surface du métal avec un outil, appelé poinçon, dont l'extrémité comporte un motif en relief.

Les motifs végétaux sont répandus dans l'art populaire français des XVIIe et XVIIIe siècles, mais la signification exacte du décor ornant cette bague demeure inconnue. Ce motif pourrait également posséder une signification aux yeux des Autochtones puisqu'il figure un aspect familier de leur environnement et parce que les plantes sont dotées d'un esprit dans leur système de représentation du monde.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure porté à la fois par les Français et les Autochtones. Elle joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague est mise au jour en 1988 sur le site de l'îlot des Palais, à Québec. Elle provient d'une couche de sol témoignant de l'occupation et de l'incendie des magasins du roi du premier palais de l'intendant (1686-1713). Les denrées et les marchandises qui y étaient entreposées servaient à approvisionner les armées royales et l'administration coloniale. Ces magasins contenaient aussi des articles destinés au commerce et au maintien des relations diplomatiques avec les Autochtones. La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains après 1650 et perdure jusque vers 1770-1780.

RÉFÉRENCES

CÔTÉ, Hélène. Le site du premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la huitième campagne de fouilles (1989). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 22. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1992. 162 p.
MERCIER, Caroline. « "Jesuit" Rings in Trade Exchanges Between France and New France: Contribution of a Technological Typology to Identifying Supply and Distribution Networks ». Northeast Historical Archaeology. Vol. 40 (2011), p. 21-42.
MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.
MERCIER, Caroline. « La dérive stylistique des bagues dites « jésuites » : une thèse réévaluée à partir des collections archéologiques du Québec ». Archéologiques. No 26 (2013), p. 92-106.
MOUSSETTE, Marcel. Le site du Palais de l'Intendant à Québec : Genèse et structuration d'un lieu urbain. Nouveaux cahiers du CÉLAT, 10. Québec, Septentrion, 1994. 229 p.
QUESNEL, Annie. Le site du Premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la septième campagne de fouilles (1988). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 20. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1991. 219 p.