Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Émilie Deschênes 2017, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite »Image
Photo : Catherine Caron 2011, © Ministère de la Culture et des Communications
Bague dite « jésuite »Image
Photo : Catherine Caron 2011, © Ministère de la Culture et des Communications

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFl-5 > Opération 2 > Sous-opération AH > Lot 1v > Numéro de catalogue 75

Contexte(s) archéologique(s)

Campement
Militaire
Religieux

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est représentative du type stylistique « monogramme marial », un décor qui se présente sous de nombreuses variantes et dont la qualité d'exécution varie. Elle a aussi été choisie en raison de son contexte archéologique de découverte, soit sur un site de mission sulpicienne.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est confectionnée dans un alliage de bronze à faible titre d'étain qui se caractérise par sa couleur rougeâtre. Elle est associée au modèle de bague découpée-assemblée à décor gravé. Importée de France, elle aurait transité par le port commercial de Bordeaux. Ce port commence à armer régulièrement des navires pour le Canada en 1671 et domine les échanges durant les deux dernières décennies du Régime français (vers 1740-vers 1760).

La mise en forme de la bague combine plusieurs techniques pour fabriquer la plaque et l'anneau, puis pour les assembler. La fabrication de la plaque s'effectue à partir d'une grande plaque de métal dans laquelle une petite plaque ovale est découpée à la scie. La fabrication de l'anneau débute par la confection d'un fil. Celui-ci est obtenu en coulant une tige de métal dans une lingotière, puis en l'étirant par martelage ou par tréfilage à la filière. Le fil est ensuite courbé par pliage à l'aide d'une pince à mâchoires cylindriques ou par martelage sur un triboulet. La dernière étape consiste à assembler la plaque et l'anneau par brasage.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

Le décor de cet artéfact, représentant le monogramme marial, possède une connotation religieuse ou magico-religieuse. La Vierge est une figure importante de la religion catholique des XVIIe et XVIIIe siècles. Considérée comme la médiatrice par excellence pour accéder au Christ et à Dieu, elle est présentée aux fidèles comme la nouvelle Ève, qui a lavé le péché originel en mettant au monde Jésus. La piété populaire trouve en Marie la plus puissante des protectrices en raison de son lien privilégié avec Dieu et Jésus. Elle est plus particulièrement associée à la protection de l'enfance et de la maternité. La tradition en fait une véritable déesse de fertilité que les femmes implorent pour obtenir la grâce d'être mère. En signe de dévotion, nombreuses sont les femmes qui portent sur elles des objets religieux et des bijoux ornés du monogramme marial. Plusieurs le font aussi pour s'attirer ses bonnes grâces durant leur grossesse et leur accouchement.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure porté à la fois par les Français et les Autochtones. Elle joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague est mise au jour en 2001 sur un campement autochtone contemporain de la mission sulpicienne Saint-Louis de l'île aux Tourtes (1704-1727). À compter de 1710, la mission est doublée d'un fort de pieux, d'un corps de garde et d'une maison servant à loger une petite garnison militaire. Le campement, localisé à l'extérieur de l'enceinte fortifiée, semble surtout fréquenté durant la période estivale. La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains après 1650 et perdure jusque vers 1770-1780.

RÉFÉRENCES

Archéotec inc. Île aux Tourtes. Interventions archéologiques 2006, BiFl-5. Rapport. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère de la Culture et des Communications/Ville de Vaudreuil-Dorion, 2007. 218 p.
Archéotec inc. Île aux Tourtes. Site BiFl-5. Fouilles archéologiques. Rapport de la campagne 2003. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MCCQ/Vaudreuil-Dorion/Société archéologique et historique de l'Île aux Tourtes, 2004. 76 p.
MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.