Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue de la cassureImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
PerleImage
Photo : Marc-André Grenier 1998, © Ministère de la Culture et des Communications

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 14 > Sous-opération A > Lot 26 > Numéro de catalogue 1115

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est associée à la période de contact entre les Européens et les Autochtones ainsi qu'à l'occupation de la première habitation à l'époque de Samuel de Champlain entre 1608 et 1624. Elle a également été choisie parce qu'elle est représentative du type lVk selon la typologie de Kidd et Kidd de 1972, bien qu'elle en diffère par la séquence des couches de verre.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est fabriquée en Europe, probablement en Italie, vers le début du XVIIe siècle. De forme ovale, la perle incomplète est faite de cinq couches de verre, soit bleu cobalt transparent à l'extérieur, blanc opaque, rouge opaque et blanc opaque au milieu, et incolore à l'intérieur. Elle est ornée d'un décor dit « à chevrons » et serait de type lVk selon la typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972. Cependant, elle en diffère par la séquence des couches de verre, lui valant le type lVk* signifiant que la perle est similaire sans être identique à ce type.

La perle de verre est fabriquée selon la méthode du verre étiré. Le verre en fusion est étiré en un long tube à l'aide d'une canne à souffler et d'un pontil, puis est cassé et redivisé en petits segments. Les perles sont ensuite polies dans un tonneau en fer chauffé rempli de sable, puis dans un sac de son. Le décor de la perle « à chevrons » est obtenu en mettant la bulle de verre dans un moule en forme d'étoile. Des cannes de verre de couleur peuvent être insérées dans les creux de l'étoile pour créer des lignes parallèles au trou d'enfilage de la perle. Par la suite, une couche de verre est ajoutée et la bulle est étirée selon la technique de fabrication décrite plus haut. Une fois la perle terminée, ses extrémités sont meulées pour faire ressortir les différentes couches de verre autour du trou d'enfilage. Les perles sont finalement enfilées sur des cordelettes d'un peu plus de 60 cm de longueur et placées par centaines dans des boites. La France et l'Allemagne produisent aussi des perles de verre au XVIIe siècle, mais dans une mesure moindre que l'Italie.

Les perles de verre sont importées en Amérique du Nord par les Européens et servent surtout aux échanges avec les Autochtones. Ceux-ci les utilisent comme monnaie d'échange et comme parure pour la confection de bijoux, de vêtements (broderie) et de ceintures. En plus de ces usages, les Européens s'en servent pour la dévotion (chapelets) et la décoration des intérieurs (guirlandes, chandeliers). Les Jésuites donnent également des perles en verre en récompense aux Autochtones qui savent réciter parfaitement les prières essentielles. La perle a été cassée et abandonnée sur place.

La perle, mise au jour en 1988 sur le site de la première habitation de Québec, serait associée à la période de contact qui précède l'établissement de l'Habitation ou à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain (entre 1600 et 1624). Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632.

Une grande quantité de perles ont été mises au jour sur le site des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis à Québec, dans un contexte daté de l'époque de Champlain. Cependant, aucune perle de ce type n'y a été retrouvée.

RÉFÉRENCES

Cérane inc. L'occupation historique et préhistorique de la place Royale. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1989. s.p.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
LAPOINTE, Camille. Trésors et secrets de Place-Royale : aperçu de la collection archéologique. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1998. 217 p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.