La pointe lancéolée à pédoncule divergent a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle constitue un exemple entier d'une variante allongée des pointes de type « Lamoka », associées à la tradition culturelle Narrow Point. Elle a également été choisie parce qu'elle se distingue de la majorité des pointes de ce type par sa grande taille et sa symétrie attestant d'une facture de haute qualité. Finalement, le matériau utilisé pour sa fabrication présente aussi un intérêt, étant une pierre exotique possédant des qualités esthétiques supérieures.

La pointe lancéolée à pédoncule divergent est fabriquée au cours de l'Archaïque récent post-laurentien (4 200 à 3 000 ans avant aujourd'hui). Elle est taillée dans un quartzite blanc enfumé de noir et de rouge. Bien que la provenance de cette pierre soit incertaine, elle est manifestement éloignée. La pointe est de type « Lamoka ». Ce type renvoie à la tradition culturelle Narrow Point, dont l'origine remonterait à la Nouvelle-Angleterre. Ce peuple se trouve le long de la côte atlantique nord et parfois dans le sud du Québec. Ces pointes sont caractérisées par une lame élancée et de larges encoches latérales, créant un pédoncule souvent évasé, ou par un pédoncule droit. La base est arrondie ou droite. Généralement fabriqué avec des matériaux locaux, ce type de pointe présente une grande variété de matières et de formes ainsi qu'une facture plus sommaire. Toutefois, ce n'est pas le cas de cette pointe qui est taillée dans une pierre exotique et qui présente une facture de bonne qualité. Celle-ci est visible dans la symétrie et la grande taille de l'objet.

La pointe sert possiblement comme pointe de projectile pour la chasse, et occasionnellement pour la guerre. Elle pourrait également être emmanchée et utilisée comme couteau. Toutefois, l'absence de cassures ou de traces d'usure sur l'objet ainsi que le matériau utilisé suggèrent que la pointe remplit une fonction symbolique plutôt qu'utilitaire.

La pointe lancéolée à pédoncule divergent est mise au jour en 1980 sur le site patrimonial de l'Habitation-Samuel-De Champlain dans le secteur de Place-Royale, à Québec. Le contexte archéologique préhistorique de Place-Royale est représenté par un vaste emplacement de campement autochtone situé sur la pointe de Québec. Il a été occupé à de multiples reprises sur une longue période couvrant l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui) jusqu'au Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). De nombreuses structures y furent dégagées lors des fouilles archéologiques, comme des traces de piquets, des foyers ainsi que des sépultures, témoignant de la diversité des activités et des fonctions associées à ce site.