Laboratoire d'archéologie du Québec
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Clou. Côté AImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Clou. Côté BImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Clou. Vue avantImage
Photo : Marie-Hélène Tremblay 2008, © Ministère de la Culture et des Communications

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DbEi-5 > Opération 4 > Sous-opération R > Lot 4 > Numéro de catalogue 33

Contexte(s) archéologique(s)

Bâtiment

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le clou en fer forgé fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce que c'est un élément essentiel dans la construction et de grands clous de ce type ont été retrouvés en grande quantité dans les stations baleinières basques. Ce clou peut servir d'exemple comparatif.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le clou en fer forgé est apporté par les Basques sur le site des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. Il a une tige de section carrée et une large tête plate de forme carrée à coins arrondis qui est partiellement conservée et éclatée. Le bout de la tige est légèrement recourbé et le métal conservé de la pointe du clou est un peu éclaté. Le clou mesure 9,9 cm de longueur et la tête carrée, 2,1 cm de largeur.

Au XVIe siècle, la fabrication des clous était un travail manuel qui impliquait la forge individuelle de chaque clou à partir d'ébauches obtenues de barres ou de plaques de fer. Des barres de section carrée pouvaient être chauffées et étirées pour obtenir le diamètre de tige voulu et des ébauches étaient découpées selon la longueur voulue. Des ébauches pouvaient aussi être découpées dans des plaques de fer. Ces ébauches étaient généralement chauffées en vrac puis transformées ensuite en clous en façonnant la pointe et la tête de chacun. Différentes méthodes existaient pour former la tête. Les recherches de Red Bay, au Labrador, mentionnent deux exemples, soit la méthode où la tête est refoulée pour ensuite être façonnée en carré dans une cloutière, soit la méthode consistant à aplatir l'extrémité de la tige pour ensuite la replier et former ainsi la tête du clou.

Le Pays basque espagnol est une région particulièrement riche en fer qui soutenait à l'époque une industrie du fer importante. Les clous apportés dans les stations baleinières basques au XVIe siècle provenaient vraisemblablement d'ateliers de cloutiers spécialisés situés en Pays basque, à proximité des ports d'attache des navires. Les clous en fer forgé sont des éléments de fixation, ils servent à l'assemblage de pièces en bois et, par extension, à la construction de structures en bois, de bâtiments, de navires, etc. Les clous et autres fixations étaient aussi fabriqués en quantité importante pour le marché de la construction navale, autre secteur économique d'importance du Pays basque espagnol de l'époque.

Le clou est trouvé en 1993 dans la couche d'occupation d'un bâtiment construit par les chasseurs de baleine basques vers la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle sur le site des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave. Ce clou a probablement été utilisé dans la charpente du bâtiment qui était recouvert de tuiles et probablement doté d'une cheminée. Le bâtiment était situé à proximité d'un four à double foyer. Il se peut qu'il ait été détruit par un feu après son abandon. Puisque l'incendie semble avoir touché toute la pointe du site, il est possible, quoique moins probable, qu'il s'agisse d'un feu de forêt plutôt que de l'incendie du bâtiment seulement. Le bâtiment a abrité un foyer culinaire et un petit aménagement de pierres qui pourrait avoir supporté une enclume, destinée au travail de forge.

De nombreux tessons appartenant à une marmite à pâte chamois à fond plat, décorée de bandes appliquées portant un motif de losanges, sont trouvés dans le bâtiment ainsi qu'un tesson de marmite à fond plat à pâte rouge. Il y a également plusieurs outils, dont une vrille de tonnelier et un ciseau, probablement utilisé pour le calfatage des navires, de nombreux éclats de briquet en silex et des fragments de pierres à aiguiser. Sont également mis au jour une grande balle pour un mousquet ou une autre arme à feu de grand calibre utilisée à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, un petit couteau fragmentaire, des chevrotines, vraisemblablement utilisées pour la chasse, ainsi que des chemins de coulée témoignant de la fabrication de munitions sur place. Enfin, une perle de verre ovoïde blanche découverte sur le site pourrait signifier que les Basques s'adonnaient à des activités de traite avec les Autochtones.
Le clou a été radiographié et restauré par le Centre de conservation du Québec à la suite de la fouille du site.

RÉFÉRENCES

LALANDE, Dominique. Fouilles archéologiques à l'anse à la Cave, Bon-Désir, municipalité de Bergeronnes, 1993. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MRC de la Haute-Côte-Nord, 1994. 73 p.
LIGHT, John D. « L'industrie du fer basque et son rapport avec la construction navale ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 101-115.
LOEWEN, Brad. « Les fixations de la coque : 11 000 clous, gournables et broches, témoignant d'une séquence alternée de construction ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 123-140.
PLOURDE, Michel, dir., Érik LANGEVIN et Alison MCGAIN. Recherches archéologiques dans l'aire de coordination du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent en l'an 2000. Cap-de-Bon-Désir (109G), Pointe-à-John 2 (DbEj-22), Fours basques (DbEi-5) et Baie-Sainte-Marguerite (DbEl-10). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Archéo-Topo/Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, 2001. 133 p.
RURALYS. Le site basque de l'anse à la Cave, Haute-Côte-Nord (DbEi-5). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère de la Culture, des Communications de la Condition féminine du Québec, 2008. 72 p.