Laboratoire d'archéologie du Québec
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Isolateur électrique. Vue généraleImage
Photo : Laura Jacobs 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Isolateur électrique. DessusImage
Photo : Laura Jacobs 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Isolateur électrique. DessousImage
Photo : Laura Jacobs 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-579 > Opération 5 > Sous-opération G > Lot 99 > Numéro de catalogue 8

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'isolateur électrique a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne du riche passé industriel du site archéologique du poste de la Reine, et plus particulièrement de la production d'électricité de la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle. Également, il s'agit d'un type d'isolateur peu documenté dans les collections archéologiques du Québec.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'isolateur électrique est moulé en porcelaine commune au cours de la première moitié du XXe siècle en Amérique du Nord. Il est recouvert d'une épaisse glaçure de couleur brune. L'isolateur, en forme de cloche, correspond à l'une des nombreuses jupes qui composent un isolateur en porcelaine sur tige. Ce modèle d'isolateur est utilisé entre autres sur la « Belt Line » qui ceinture l'espace montréalais à 66 kV entre 1925 et 1940.

Les isolateurs sont des objets fabriqués dans des matières non conductrices d'électricité, généralement en verre ou en porcelaine, destinés à isoler mécaniquement le courant circulant dans un fil de mise à la terre, notamment en cas de brouillard ou de pluie. Les isolateurs électriques ont une fonction double : ils jouent le rôle de support pour fixer les fils aux poteaux et aident à prévenir la perte de courant électrique pendant sa transmission. Les isolateurs en verre et en porcelaine sont utilisés depuis les débuts du télégraphe, mais les isolateurs en verre sont généralement moins chers que la porcelaine et sont normalement utilisés pour les applications à basse tension. Des isolateurs en caoutchouc et en bois sont également produits à une certaine époque aux États-Unis, mais sont moins fréquents. Les plus anciens isolateurs en verre datent d'environ 1846. Les isolateurs électriques connaissent leur apogée entre 1875 et 1930, avec une grande variété de formes produites en verre de plusieurs couleurs. Certains isolateurs présentent des numéros de brevets, des logos de fabricants et des noms des verreries productrices.

L'isolateur électrique a été mis au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de mettre à jour une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

L'isolateur provient d'une opération qui est située dans la partie nord-est du site archéologique. L'ensemble des vestiges retrouvés dans cette opération ont été mis en relation avec les occupations domestiques donnant sur la rue Monseigneur-Gauvreau. Lors de l'expansion de la Quebec Railways Light, Heat and Power Company, certains bâtiments acquis sont démolis pour faire place à un poste de contrôle, un édifice abritant les contrôles de la basse tension et finalement un bassin de refroidissement avant 1970. L'artéfact a été retrouvé dans un contexte correspondant au nettoyage de ce qui serait le mur sud d'une habitation double. Celle-ci est possiblement construite après l'incendie de 1845 et est démolie avant 1910. Un exemplaire de ce type d'isolateur est exposé dans l'édifice Jean-Lesage, à Montréal.

RÉFÉRENCES

Castonguay Dandenault & Associés Inc. Démantèlement et réhabilitation du poste de la Reine. Rue Prince-Édouard à Québec. Surveillance et fouilles archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2019. s.p.