Laboratoire d'archéologie du Québec
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Électrodes. FaceImage
Photo : Laura Jacobs 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Électrodes. DosImage
Photo : Laura Jacobs 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-579 > Opération 8 > Sous-opération N > Lot 299 > Numéro de catalogue 28

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les électrodes ont été sélectionnées pour la collection archéologique de référence du Québec, car elles témoignent de l'évolution des technologies utilisées pour les dispositifs d'éclairage du dernier quart du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les douze électrodes en graphite sont moulées par compression dans un moule en deux parties entre 1877 et 1950, possiblement en Amérique du Nord. L'électrode est une composante essentielle pour le fonctionnement des lampes à arc, un système d'éclairage utilisé dans les rues des grandes villes de 1877 au milieu du XXe siècle. Deux baguettes de graphite sont amenées en contact, sous un potentiel électrique suffisant. Au moment où l'étincelle jaillit, elles sont progressivement éloignées l'une de l'autre de quelques millimètres et un arc lumineux éblouissant continue de jaillir. Lorsque les deux électrodes sont d'abord mises en contact, la forte résistance qui existe entre elles provoque l'incandescence de leur extrémité. Après la séparation, l'air, fortement ionisé, devient lui-même conducteur et permet ainsi aux électrons de continuer de passer en produisant un plasma lumineux. Pour les lampes fonctionnant en courant continu, les deux électrodes ne sont ultimement pas de la même taille, puisqu'elles ne s'usent pas au même rythme; l'électrode positive s'use plus vite et en creux, alors que l'électrode négative s'use moins rapidement et en forme de pointe.

Il s'agit d'un appareil d'éclairage complexe qui connait de nombreuses améliorations et modifications par plusieurs fabricants durant sa période d'utilisation, rendant ardue la datation précise des types de lampes à arc. La lampe à arc est tributaire de plusieurs inventions : Watson réalise un arc lumineux à partir d'électricité en 1751, en 1810 Humphry Davy (1778-1829) fabrique un prototype de lampe à arc, et en 1857, Holmes construisit un générateur à courant continu capable d'alimenter la lampe à arc et mit aussi au point la première lampe à régulation automatique. Mais ce n'est qu'à partir de 1877, durant les chantiers menant à l'éclairage des rues des grandes villes, que la lampe à arc connait un réel élan de popularité, menant à la fabrication de plusieurs modèles.

Les électrodes ont été mises au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine, situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de découvrir une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

L'objet provient de l'opération 8, qui est située au sud-ouest du site archéologique et qui est caractérisée par la découverte de plusieurs structures en pierres. Cet artéfact provient d'une sous-opération correspondant à un îlot comptant plusieurs éléments structurés et maçonnés qui ont été localisés approximativement au centre de l'opération 8.

RÉFÉRENCES

Castonguay Dandenault & Associés Inc. Démantèlement et réhabilitation du poste de la Reine. Rue Prince-Édouard à Québec. Surveillance et fouilles archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2019. s.p.
GUSSET, G., C. SULLIVAN et E. I. WOODHEAD. Appareils d'éclairage. Études en archéologie, architecture et histoire. Ottawa, Parcs Canada, 1984. 103 p.