Laboratoire d'archéologie du Québec
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Embout de pipe. FaceImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Embout de pipe. DosImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-579 > Opération 8 > Sous-opération B > Lot 5 > Numéro de catalogue 27

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'embout de pipe a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne des nouveaux styles de pipes composites disponibles au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'embout de pipe en ébonite est fabriqué entre 1839 et la fin du XIXe siècle en Europe ou en Amérique du Nord. La vulcanite, plus correctement appelée ébonite, est faite de caoutchouc vulcanisé. Le caoutchouc est chauffé et infusé de soufre pendant de longues périodes, ce qui durcit le caoutchouc, le rendant stable et capable de conserver sa forme. Les embouts de pipes sont généralement moulés, puis effilés ou affleurés selon le style produit.

L'embout de pipe est une partie d'une pipe composite. Il s'insère dans le fourneau permettant à l'utilisateur de consommer des narcotiques, dont le tabac ou d'autres mélanges de plantes. Cet embout au tuyau lisse et droit présente un floc serré, qui est cassé. Le floc de la pipe relie le tuyau à la tige du fourneau, et un floc serré réfère à un cylindre lisse qui s'insère dans la tige en bois du fourneau. Le floc tient en place par serrage, qui s'accentue par l'expansion des matériaux une fois la pipe allumée.

L'ébonite est inventée en 1839 par Charles Goodyear (1800-1860) et est destinée à remplacer potentiellement l'ébène. Au début des années 1850, il est utilisé en dentisterie pour fabriquer de fausses dents et il est poli pour être utilisé en bijouterie. La première annonce d'embouts de pipe en ébonite remonterait à 1856, et des tuyaux de pipe moulés en ébonite se trouvent à bord du « Bertrand », un navire échoué en 1865. L'ébonite est encore utilisée aujourd'hui pour la fabrication d'embouts de pipe. Ce matériau est préféré à l'acrylique par certains utilisateurs, étant plus tendre et moins dur sous les dents. Mais, en raison de sa teneur en soufre, l'ébonite est reconnue pour s'oxyder, notamment autour du mors où la bouche entre en contact avec la matière synthétique. L'ébonite développe une légère décoloration, parfois verdâtre, en raison de cette oxydation.

L'embout de pipe a été mis au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine, situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de découvrir une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

L'objet provient de l'opération 8, qui est située au sud-ouest du site archéologique et qui est caractérisée par la découverte de plusieurs structures en pierres. Cet artéfact provient d'un sondage effectué entre deux structures, ce qui a permis de mettre au jour des centaines d'artéfacts domestiques du dernier quart du XVIIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle.

RÉFÉRENCES

BRADLEY, Charles S. « La pipe à fumer pour l'archéologue ». KARKLINS, Karlis, dir. Études en culture matérielle. Ottawa, Parcs Canada, 2001, p. 120-154.
Castonguay Dandenault & Associés Inc. Démantèlement et réhabilitation du poste de la Reine. Rue Prince-Édouard à Québec. Surveillance et fouilles archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2019. s.p.