Laboratoire d'archéologie du Québec
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Visage de poupée. Vue générale - DessusImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Visage de poupée. DessousImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Visage de poupée. ProfilImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-579 > Opération 6 > Sous-opération A > Lot 1 > Numéro de catalogue 10

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le visage de poupée a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente une catégorie d'objets liée à l'enfance, celle des jouets. Il a également été sélectionné parce qu'il provient d'un contexte domestique et témoigne donc de la présence d'enfants dans ce secteur.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de visage de poupée est fabriqué en porcelaine fine européenne et non glaçurée en Europe après 1860. La surface du visage est mate et légèrement rosée, imitant la couleur de la peau. Il s'agit d'une caractéristique des poupées « bisque » (en anglais) qui sont produites en France et en Allemagne à partir des années 1860. De délicats cils peints à la main sont visibles près de la fracture de l'objet, et les lèvres sont peintes d'un rouge pâle, créant un visage réaliste.

Le visage de poupée est une composante d'un jouet pour les jeunes enfants, généralement destiné aux petites filles. Au XIXe siècle, la poupée possède un rôle ludique et éducatif, servant à enseigner l'étiquette et les bonnes manières aux jeunes filles. Au XVIIe siècle en Europe, les poupées sont faites de bois, de papier mâché ou de cire. Leur popularité, qui grimpe au cours du XVIIIe siècle, accélère leur production. Les poupées en porcelaine commencent à être produites au XIXe siècle. Les têtes, mains et pieds sont réalisés en porcelaine, alors que le corps est fait de tissus. Il est alors possible d'acquérir les parties en porcelaine en magasin, et de coudre le corps de la poupée soi-même. Avec l'invention des matières synthétiques à la fin du XIXe siècle et surtout au début du XXe siècle, les poupées de plastique finissent par dominer peu à peu le marché des poupées bon marché.

Au cours du XIXe siècle, l'enfance est perçue comme une période d'innocence et de pureté qui doit être protégée. Les jouets de l'époque victorienne représentent cette vision avec des poupées au visage délicat et des habits de dentelle et velours. Ces poupées incarnent le rituel et l'image sociale victorienne des classes supérieures. Les poupées en porcelaine non glaçurée (« bisque ») sont alors particulièrement prisées par les classes moyenne et supérieure, en raison entre autres de sa fragilité.

Le visage de poupée a été mis au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine, situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de découvrir une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co. marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

L'objet provient de l'opération 6, qui est située dans la partie sud-est du site archéologique. La tasse a été retrouvée dans un contexte caractérisé par la présence de trois vestiges architecturaux : un en maçonnerie, un en béton et un en bois. Les artéfacts de cette sous-opération témoignent de l'occupation domestique du secteur de la fin du XVIIIe jusqu'au XXe siècle.

RÉFÉRENCES

Castonguay Dandenault & Associés Inc. Démantèlement et réhabilitation du poste de la Reine. Rue Prince-Édouard à Québec. Surveillance et fouilles archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2019. s.p.
RENAUD, Louise et Katherine TREMBLAY. Les jeux et les jouets de Place-Royale. Collection Patrimoines, série Dossiers, 65. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1999. 212 p.