La tasse jouet a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative d'une catégorie d'objets liée à l'enfance, celle des services à thé jouet. Elle a également été sélectionnée parce qu'elle provient d'un contexte domestique, témoignant de la présence d'enfants dans ce secteur. La finesse de la porcelaine, la délicatesse de son décor ainsi que son excellent état de conservation en font aussi un objet d'intérêt.

La tasse jouet est fabriquée en porcelaine fine dure européenne au cours du XIXe siècle, possiblement en Angleterre, en Allemagne ou en France en raison de son matériau. Elle présente un délicat décor floral de couleur verte peint sur la glaçure ainsi qu'une ligne dorée située sous le rebord extérieur.

La tasse jouet serait un élément d'un service à thé miniature complet servant de jouet pour les enfants, et qui est généralement associé aux jeux de poupées. Au XIXe siècle, il existe dans les livres sur l'étiquette des règles concernant les jeux de poupées, à partir desquelles les jeunes filles enseignent les bonnes manières à leurs poupées dans le cadre du jeu. La vaisselle pour enfant reprend généralement les mêmes formes et décors que celle des adultes. L'excellent état de conservation du décor et de la dorure sur cette tasse jouet est étonnant, comme l'utilisation soutenue de ce type de jouet entraîne généralement un effacement des décors appliqués sur la glaçure. Également, la finesse de la porcelaine et l'aspect délicat du décor et de la dorure indiqueraient un produit possiblement plus dispendieux, comparativement aux tasses sans décor et plus robustes produites en masse durant la seconde moitié du XIXe siècle.

La tasse jouet a été mise au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine, situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de découvrir une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co. marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

L'objet provient de l'opération 6, qui est située dans la partie sud-est du site archéologique. La tasse a été retrouvée dans un contexte caractérisé par la présence de trois vestiges architecturaux : un en maçonnerie, un en béton et un en bois. Les artéfacts de cette sous-opération témoignent de l'occupation domestique du secteur de la fin du XVIIIe jusqu'au XXe siècle.