Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à gin. Vue générale - Côté AImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à gin. Côté BImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à gin. Côté CImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à gin. Côté DImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à gin. DessusImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à gin. DessousImage
Photo : Léa Duflos 2025, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-579 > Opération 5 > Sous-opération C > Lot 99 > Numéro de catalogue 7

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à gin a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de l'évolution de la forme des bouteilles à gin entre le dernier quart du XIXe siècle et le début du XXe siècle avec la mise au point de machines semi-automatiques pour la fabrication des contenants en verre.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à gin en verre transparent de couleur vert émeraude est fabriquée après 1889 en Europe ou en Amérique du Nord. Cette couleur la distingue des bouteilles à gin du XIXe siècle, qui sont généralement vert très foncé ou vert olive. La bouteille est réalisée à la machine, comme en témoignent les marques de moulage verticales. De petites lignes verticales en relief sont visibles sur les pans du corps, rappelant celles se trouvant sur des bouteilles à gin de la seconde moitié du XIXe siècle. Celles-ci seraient volontaires, puisque la technologie utilisée pour la fabrication de cette bouteille permet également de produire des surfaces lisses.

La bouteille à gin est un récipient servant à l'entreposage de boissons alcoolisées, dont le gin ou un autre alcool distillé. Au XVIe siècle, les bouteilles au corps carré, également appelées « case bottles », existent déjà sur le marché anglais. Ces bouteilles sont transportées dans des caisses pouvant contenir entre 6 et 24 bouteilles. Elles portent également le nom de « Dutch gin bottles ». L'utilisation de moules pour la fabrication de bouteilles en verre carrées remonterait au XVIIe siècle. En Angleterre, les moules ne sont utilisés qu'après les années 1730. Au XIXe siècle, les bouteilles à gin peuvent être fabriquées à l'aide de plusieurs techniques, dont le soufflage au moule contact et le soufflage au moule en creux. La fabrication semi-automatique est commercialisée en 1889, puis est remplacée peu à peu par un procédé entièrement automatisé mis au point vers 1903 avec la machine Owens. Cette bouteille à gin, en raison de sa forme et des marques présentes sur le corps, serait possiblement fabriquée par une machine semi-automatique à partir de 1889.

La bouteille à gin a été mise au jour en 2018 sur le site archéologique du poste de la Reine, situé dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Les fouilles ont permis de découvrir une soixantaine de structures dont six fosses de latrines, ainsi qu'une collection de plus de 6 000 artéfacts. Ceux-ci témoignent des activités quotidiennes des résidents du secteur entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, où les fonctions résidentielles et commerciales s'entremêlent. En 1894, l'acquisition des lots résidentiels par la Montmorency Electric Power Co. marque le début d'une nouvelle ère industrielle de production d'électricité sur ce site. Le poste connait plusieurs propriétaires au cours du XXe siècle, dont la Quebec Railway, Light, Heat and Power Company. En 1963, lors de la deuxième nationalisation des compagnies d'électricité, Hydro-Québec acquiert le poste. Depuis sa mise en service jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, ce poste, par lequel transite la charge alimentant les seize districts du réseau, demeure le plus important du réseau de Québec. Le poste de la Reine cesse ses activités en 2016; il s'agissait du plus vieux poste de transformation hydroélectrique au pays. L'intervention archéologique est réalisée au cours du démantèlement du poste.

La bouteille provient de l'opération 5, qui est située dans la partie nord-est du site archéologique. L'ensemble des vestiges retrouvés dans cette opération ont été mis en relation avec les occupations domestiques donnant sur la rue Monseigneur-Gauvreau. Lors de l'expansion de la Quebec Railways Light, Heat and Power Company, certains bâtiments acquis sont démolis pour faire place à un poste de contrôle, un édifice abritant les contrôles de la basse tension et finalement un bassin de refroidissement avant 1970. Elle provient d'une opération associée à un vestige de maçonnerie, interprété comme étant une habitation en pierre située près de l'intersection des rues Prince-Édouard et Grant. Cette habitation, identifiée comme étant la maison Donaldson, est potentiellement construite après l'incendie de Saint-Roch de 1845. En 1923, l'habitation est occupée possiblement par des employés de la Quebec Railways Light, Heat and Power Company.

RÉFÉRENCES

ARCHAMBAULT, Rachel. Prendre un verre avec les Anderson et les Pitl dans le Limoilou du XIXe siècle : analyse du statut socio-économique et des normes sociales à partir des bouteilles d'alcool et de la verrerie de table. Université Laval, 2021. 304 p.
Castonguay Dandenault & Associés Inc. Démantèlement et réhabilitation du poste de la Reine. Rue Prince-Édouard à Québec. Surveillance et fouilles archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2019. s.p.
JONES, Olive R. et Catherine SULLIVAN. Glossaire du verre de Parcs Canada décrivant les contenants, la verrerie de table, les dispositifs de fermeture et le verre plat. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, Environnement Canada, 1985. 185 p.