L'objet spatulé a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il constitue un rare exemplaire de ce type d'objet retrouvé en Abitibi, région où l'os se conserve plutôt mal en raison des sols acides des forêts coniférines. Il permet également d'illustrer la variabilité des objets identifiés comme « spatulés » dans les assemblages archéologiques.

L'objet spatulé en os est fabriqué au cours du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui) près de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue. La partie active est façonnée sur un éclat d'os long, possiblement par abrasion et par raclage. L'objet spatulé en os est généralement plat et allongé, présentant une extrémité active large et non perforante. Cette morphologie particulière assigne à ces artéfacts un usage à la fois variable et spécifique, mais la fonction réelle demeure incertaine. Parmi les hypothèses les plus souvent évoquées se trouvent le décorateur à poterie, le lissoir pour les vases en argile ou les peaux animales, un instrument culinaire, ou un outil pour étendre un enduit quelconque. La tracéologie – analyse des microtraces d'usure – et l'expérimentation permettraient assurément de déterminer avec plus de précision la fonction de cet objet.

L'objet spatulé est mis au jour en 1988 à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, sur un site qui est interprété comme un campement estival algonquin occupé durant le Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). Il a été retrouvé en association avec des objets témoin diagnostique d'une occupation récente du Sylvicole supérieur.

Il est à noter que dans un environnement de forêts nordiques comme celui de ce site, qui est situé dans la frange méridionale du Bouclier canadien, il est plutôt inhabituel de mettre au jour des objets en os, en raison de l'acidité des sols. Or, ce site a livré 17 objets en os, notamment des poinçons, des incisives de castor ouvragées, un objet spatulé et un objet sur andouiller. Si ce petit corpus d'artéfact en os parait peu original à première vue, il tire sa singularité dans sa modeste contribution à documenter le rôle de l'outillage en os chez les groupes algonquins de la période du Sylvicole supérieur. Enfin, avec de mauvaises conditions de préservation, il est plausible de croire qu'à l'origine, cet assemblage d'objet en os devait être plus important, puisque les matières dures d'origine animale sont généralement facilement accessibles, en plus d'être polyvalentes et complémentaires à l'outillage lithique.