Laboratoire d'archéologie du Québec
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Soucoupe. Vue de faceImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. Vue de dosImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Soucoupe. Vue en coupeImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-80 > Opération 13 > Sous-opération C > Lot 7 > Numéro de catalogue 33

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines
Religieux

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La soucoupe a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle a été retrouvée sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec et parce qu'elle témoigne des modes d'alimentation des occupants du monastère aux XVIIIe et XIXe siècles.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La soucoupe en terre cuite fine de type « pearlware » est produite entre 1793 et 1841 en Angleterre. La pièce, qui est moulée et recouverte d'une glaçure, est ornée d'un décor imprimé en bleu représentant une scène orientale sur le fond et des coquillages sur le rebord. La soucoupe, ici dotée d'un petit pied annulaire arrondi, est une petite assiette accompagnant et supportant une tasse ou un gobelet, ces derniers étant utilisés pour la consommation de boissons chaudes comme le thé ou le café.

Les décors imprimés sous la glaçure apparaissent sur la céramique de type « pearlware » au cours des années 1780. Toutefois, cette technique ne devient populaire chez les potiers qu'au début du XIXe siècle. Cette technique se déroule en six étapes : le motif est d'abord gravé sur une plaque de cuivre, puis un pigment à base d'oxyde métallique dans une base d'huile est appliqué sur la plaque. Ensuite, le motif est imprimé sur un papier spécial, puis à l'aide du papier, le motif est transféré sur la pièce biscuitée. Finalement, la pièce est émaillée par une deuxième cuisson qui vitrifie la glaçure et donne au pigment la couleur désirée. Il existe deux grandes périodes pour le décor par impression bleue sur pearlware. La première, de 1780 à 1810, se caractérise par des motifs inspirés des porcelaines chinoises. La seconde période décorative, de 1810 environ à 1830, montre plutôt des paysages pittoresques et romantiques, comme des scènes à caractère historique ou représentant des vues britanniques ou américaines. Le présent motif s'apparente à un motif nommé « Mausoleum of Nawaub Assoph Khan Rajemahel », attribuable à la Herculanum Pottery en activité entre 1793 et 1841.


La soucoupe est mise au jour entre 2013 et 2014 sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, à Québec. Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, marquise de Combalet, future duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, acquiert une concession initiale de douze arpents dans la Haute-Ville de Québec pour y établir un hôpital géré par la communauté des Augustines de Dieppe. Trois jeunes femmes françaises débarquent à Québec le 1er août 1639 et fondent L'Hôtel-Dieu de Québec, qui devient alors le premier hôpital en Amérique situé au nord du Mexique. Les Augustines jettent ainsi les bases du système de santé actuel au Québec. Depuis lors, plusieurs bâtiments sont ajoutés, formant ainsi un important complexe hospitalier et monastique, et ce, malgré un important incendie qui frappe le complexe le 7 juin 1755. Le monastère est également réquisitionné par les soldats britanniques durant la Conquête. Ces derniers occupent les lieux de 1759 à 1784, y laissant plusieurs traces matérielles. En 1955-1956, le site voit la construction d'un hôpital moderne qui est ensuite intégré au Centre hospitalier de Québec en 1995.

L'objet a été retrouvé dans des sols s'associant à des latrines mises en place lors de la construction du monastère en 1695 et en fonction jusqu'au raccordement au réseau d'aqueduc municipal en 1856. Par la suite, la fosse des latrines aurait été réutilisée pour y jeter des objets domestiques. Le plan de soeur Sainte-Madeleine confirme que vers 1846, les latrines étaient toujours en utilisation.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. CeEt-80, Monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec, rapport de l'intervention de 2012. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2014. 88 p.
Artefactuel. Le Monastère se dévoile: Interventions archéologiques 2013-2015 au site du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec (CeEt-80). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 812 p.
BRASSARD, Michel et Myriam LECLERC. Identifier la céramique et le verre anciens au Québec : guide à l'usage des amateurs et des professionnels. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 12. Sainte-Foy, CÉLAT, 2001. 207 p.
COYSH, A. W. et R. K. HENRYWOOD. The Dictionary of Blue and White Printed Pottery, 1780-1880. Vol. 1. Woodbridge, Antique Collectors' Club, 1982. 421 p.
Ethnoscop inc. Lieu de mémoire habité des Augustines (CeEt-80). Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 104 p.
MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.