Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à bière. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à bière. Vue de côtéImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à bière. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à bière. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-52 > Opération 1 > Sous-opération Y > Lot 41 > Numéro de catalogue 21

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à bière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle illustre la variété des contenants de verre utilisés dans la commercialisation de différents produits de la brasserie Dow de Montréal, ainsi que des méthodes de fabrication de leurs bouteilles. Elle a également été choisie en raison du contexte de sa découverte, ayant été retrouvée dans une fosse principalement comblée de bouteilles de bière entières réunissant deux types de fabrication : le moule à rotation et le goulot de type « Crown ».

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à bière en verre coloré vert foncé est soufflée au moule à rotation entre 1870 et 1920. Entre 1870 et 1880, plusieurs brevets sont obtenus aux États-Unis pour le moule à rotation, et leur utilisation est généralement située de 1870 jusqu'aux années 1920. Cependant, il semble que la plupart des bouteilles à moule tournant vendues par les verriers américains soient importées et non réellement produites aux États-Unis.

Ce procédé est utilisé dans la fabrication de bouteilles cylindriques et ne laisse aucune cicatrice de moulage sur le corps, mais plutôt de fines lignes concentriques, d'ailleurs visibles sur les parois de cette bouteille. L'intérieur du moule est recouvert de fibres organiques mouillées. Au contact du verre chaud, l'eau se transforme en vapeur sur laquelle le verre roule à l'intérieur du moule en mouvement. Ce type de moule produit des bouteilles symétriques à la surface lisse et polie, mais sur laquelle il est impossible d'embosser une marque ou une inscription.

La bouteille est dotée d'un système de fermeture à capsule, ou de type « Crown », breveté aux États-Unis en 1892 et encore utilisé de nos jours. Ce système de fermeture nécessite un goulot à dessus aplati et à lèvre arrondie, originellement façonné à la pince de finition, sur lequel s'accroche la collerette de la capsule. D'une seule grandeur, celle-ci s'adapte au goulot lors du capsulage, rendant la bouteille à usage unique. À l'origine, un disque de liège est disposé à l'intérieur. Par la suite, la capsule porte la marque du commerçant et le liège est remplacé par le linoléum, puis par le plastique.

D'après le contexte de sa découverte, la bouteille est associée à la brasserie Dow de Montréal. Entre 1808 et 1818, le brasseur anglais Thomas Dunn achète des terrains sur la rue Notre-Dame à proximité des rivières Prud'homme, Saint-Pierre et Saint-Martin, assurant l'accès à l'eau pour la fabrication de la bière. En 1823, il s'associe au brasseur écossais William Dow, futur homme d'affaires très important de Montréal, et ensemble ils créent la Dunn, Dow & Co. Le nom devient « brasserie Dow » en 1841, alors que William Dow devient l'unique propriétaire de la brasserie. Cette brasserie est l'une des premières à faire de la publicité avec son célèbre slogan au triple « D » : « Dites donc Dow! ». La brasserie innove en 1847 en faisant l'acquisition d'une machine à embouteiller avec des bouchons de liège. En 1909, la brasserie Dow fusionne avec 13 autres brasseries pour former la National Breweries.

Au tournant du XXe siècle, la brasserie Dow de Montréal se compose de 26 bâtiments. Dans les années 1940, la compagnie connait une importante diminution de ses ventes. L'ensemble de la production est alors concentré sur le site de la brasserie. Entre 1951 et 1955, une nouvelle usine d'embouteillage, d'expédition, de fermentation et un entrepôt frigorifique sont construits. En 1952, la National Breweries, contrôlée par la Canadian Breweries Ltd, prend le nom de Dow Brewery Limited. Cette transaction permet la fusion des brasseries Dow, Dawes, Frontenac et Boswell. La bière Boswell de Québec cesse d'être produite au profit de la bière de marque Dow et Kingsbeer. La brasserie Dow connait un immense succès jusqu'en 1966, alors qu'une rumeur relie le décès de 16 personnes à la consommation de leur bière. La production de la brasserie de Québec est alors arrêtée et celle-ci est approvisionnée par la brasserie de Montréal. L'année suivante, la brasserie Dow fusionne avec la brasserie O'Keefe. En 1973, d'autres fusions mènent à la création de la Carling O'Keefe Limited. Finalement, en 1989, Molson fusionne avec Carling O'Keefe, puis le complexe est fermé en 1991.

La bouteille à bière est mise au jour en 1995 lors d'une fouille effectuée sur un site associé aux bâtiments adjacents à l'ancien complexe industriel de la brasserie Dow, à Montréal. Elle a été retrouvée dans une fosse comblée de bouteilles de bière entières de l'entrepôt frigorifique.

RÉFÉRENCES

LINDSEY, Bill. Historic Glass Bottle Identification & Information Website [En Ligne]. https://sha.org/bottle/index.htm