Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à vin d’hémoglobine. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. Détail de l'inscription sur le corpsImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à vin d’hémoglobine. Détail de l'inscription sur le culImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-8 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 1 > Numéro de catalogue 76

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à vin d'hémoglobine a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de la diversité des bouteilles pharmaceutiques disponibles sur le marché ainsi que des avancées technologiques effectuées en matière de fabrication des contenants en verre au début du XXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille de vin d'hémoglobine en verre incolore est soufflée au moule en deux parties avec base séparée à Paris, en France, au début du XXe siècle. Les inscriptions moulées en relief sur la bouteille indiquent son contenu, son fabricant ainsi que le lieu de fabrication du produit.

D'après ces inscriptions, ce contenant à usage pharmaceutique contient du vin d'hémoglobine. Ce dernier est utilisé pour traiter l'anémie, la neurasthénie, les faiblesses, la convalescence et le surmenage. Un verre à madère contient trois grammes d'hémoglobine, et il est recommandé d'en prendre un verre avant ou après les repas. Une patine est visible sur toute la surface de la bouteille, résultant probablement de son séjour dans le sol.

Ce produit est conçu par le pharmacien Victor Deschiens (1849-1930). L'hémoglobine est découverte en 1864 et quelques produits sont commercialisés dès 1876. Deschiens met au point un procédé d'extraction de l'hémoglobine à l'hôpital Cochin en 1885, marquant l'histoire de la production de médicaments à base de sang et de viande, qui sont très en vogue durant presque un siècle. Le sang de bœuf est défibriné, puis les globules sont séparés du sérum, garantissant une pureté au produit en rompant les globules rouges par l'action simultanée de l'éther, de l'alcool, du vide et du froid. Il commercialise son produit d'abord auprès de la Société de produits pharmaceutiques Adrian, qui fabrique à Courbevoie le vin d'hémoglobine jusqu'en 1905. Deschiens s'affranchit des produits Adrian en 1906 pour fonder sa propre société à Romainville, qui est gérée par son fils aîné Edmond (1880-1957). La Société Deschiens devient vite connue dans le domaine et son usine fabrique de l'hémoglobine sous plusieurs formes, en sirop, en élixir, en granules, en dragées, ainsi que de l'holosther (extrait osseux opothérapique). Son usine produit 30 000 kg d'hémoglobine annuellement, dont la moitié est envoyée à l'étranger. Peu après la Deuxième Guerre mondiale, l'utilisation de dérivés du sang thérapeutique est graduellement abandonnée. Cependant, quelques produits demeurent commercialisés en France jusqu'en 1991.

La bouteille à vin d'hémoglobine est mise au jour en 2008 sur le site du parc archéologique de la Baronnie de Longueuil. Ce site, circonscrit par le chemin de Chambly, la rue Saint-Charles Est, la rue Bord de l'Eau et la rue Saint-Antoine, porte les traces de l'histoire de l'établissement de Longueuil et remonte à plus de 2 000 ans. L'occupation européenne débute en 1657, avec la concession de la première partie de la seigneurie à Charles Le Moyne (1626-1685). Vers 1695, son fils homonyme (1656-1729) et futur baron fait construire un fort en pierre afin de protéger ses censitaires des attaques iroquoises qui font rage durant la seconde moitié du XVIIe siècle. Plusieurs bâtiments se trouvent à l'intérieur des murs, tels qu'une maison, une chapelle, une écurie, une laiterie, un corps de garde, une bergerie, une étable et une grange. Le château est occupé par des troupes américaines durant la guerre d'Indépendance en 1776. Abandonné par la suite, le château est détruit en 1810. En plus des vestiges du château, ce site comprend ceux d'un moulin à vent, de la première église de Longueuil et son cimetière, d'un moulin à eau, d'un four à chaux, d'une caserne de pompiers et de plusieurs habitations. En tout, ce sont sept fouilles archéologiques qui sont effectuées sur ce site.

RÉFÉRENCES

JONES, Olive R. et Catherine SULLIVAN. Glossaire du verre de Parcs Canada décrivant les contenants, la verrerie de table, les dispositifs de fermeture et le verre plat. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, Environnement Canada, 1985. 185 p.
LINDSEY, Bill. Historic Glass Bottle Identification & Information Website [En Ligne]. https://sha.org/bottle/index.htm
MILLER, George L. et Catherine SULLIVAN. « Machine-Made Glass Containers and the End of Production for Mouth-Blown Bottles ». Historical Archaeology. Vol. 18, no 2 (1984), p. 83-96.