Laboratoire d'archéologie du Québec
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Graine de haricot. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération Q > Lot 11 > Numéro de catalogue 912

Contexte(s) archéologique(s)

Cellier
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La graine de haricot a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit d'une légumineuse indigène faisant partie des « Trois soeurs » cultivée et utilisée par les Hurons-Wendats et les Iroquois de la mission Notre-Dame-de-Lorette, conjointement avec d'autres produits indigènes et des espèces exogènes.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La graine de haricot « Phaseolus sp. » est un reste alimentaire utilisé sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. La graine est carbonisée et mesure 1,08 cm sur 0,68 cm sur 0,49 cm.

La graine de haricot a été mise au jour lors de fouilles archéologiques du site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Elle a été trouvée dans la quatrième couche de comblement d'une fosse utilisée comme cellier, puis comme fosse à déchets pour le deuxième presbytère du site, construit vers 1700 sur l'emplacement de la mission huronne Notre-Dame-de-Lorette. Cette couche a été déposée après 1723, car une monnaie anglaise datant de cette année a été trouvée dans le dépôt. Le bâtiment aurait été abandonné à la fin du régime français, vers 1760.

La couche contient aussi de nombreux objets de traite et un matériau associé à la fabrication de fourneaux de pipes en pierre que l'on attribue à la présence autochtone sur le site. Malgré sa déposition au XVIIIe siècle, cette couche de comblement comporte des sols remaniés provenant de l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle, entre 1673 et 1697. Une analyse archéobotanique de ce dépôt a révélé la présence de cette graine de haricot qui est maintenant conservée dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec. D'autres graines possibles de haricots ont aussi été trouvées dans un foyer, probablement situé à l'intérieur d'une maison longue lors de l'occupation de la mission à la fin du XVIIe siècle.

Le haricot est une légumineuse qui sert à l'alimentation humaine. Il est originaire de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud et les premières traces de sa domestication en Amérique centrale, d'où il s'est diffusé vers le nord, datent d'il y a environ 4 000 ans. La graine de haricot a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit d'une légumineuse indigène cultivée et utilisée par les Hurons-Wendats et les Iroquois de la mission Notre-Dame-de-Lorette, conjointement avec d'autres produits indigènes et des espèces exogènes. Le haricot fait partie des « Trois soeurs », une combinaison de plantes comportant aussi le maïs et la courge, cultivées ensemble par les groupes iroquoiens depuis le Sylvicole supérieur, vers environ 1200 ou 1300 de notre ère. Cet ensemble de cultigènes est capable de livrer entre 70 et 80 % des calories quotidiennes nécessaires à ces populations. Le tournesol, représente d'ailleurs une autre plante exploitée depuis longtemps par les Iroquoiens pour son l'huile. Les Hurons-Wendats, en quittant leurs terres ancestrales de l'Ontario au milieu du XVIIe siècle, apportent la pratique de l'horticulture de cette plante et d'autres à leur nouvelle patrie au Québec. La découverte de graines de haricot dans le contexte de la mission Notre-Dame-de-Lorette confirme donc que cette plante fait toujours partie intégrante de l'alimentation des membres de la communauté.

RÉFÉRENCES

FAUCHER, Anne-Marie. « Macrorestes végétaux ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 585-590.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
TREMBLAY, Roland et al. Les Iroquoiens du Saint-Laurent : peuple du maïs. Montréal, Les Éditions de l'Homme / Pointe-à-Callière, Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, 2006. 139 p.