Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontale, côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue à l'horizontale, côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Trou d'enfilage, côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Trou d'enfilage, côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération W > Lot 9 > Numéro de catalogue 906

Contexte(s) archéologique(s)

Cour
Tranchée de construction

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison de la rareté de sa forme et de sa couleur.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. Entière, elle est de très grande taille et composée de verre translucide de couleur brun pâle, terni par une patine. Sa forme arrondie d'origine est aplatie et modifiée de sorte qu'une des faces comporte une concavité, tandis que l'autre est plate, lui donnant l'aspect d'un grain de maïs. Les deux extrémités sont concaves, mais l'une a conservé un plan circulaire, tandis que l'autre est amincie par l'aplatissement de la perle et est de plan réniforme. La perle mesure 0,78 cm de longueur, 0,89 cm de largeur maximale, et a une épaisseur variant entre 0,3 et 0,55 cm. Elle est de type WIIa* selon typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972 et s'apparente au type WIIa1 de couleur doré clair « Light Gold », mais le verre a une teinte plus brunâtre s'apparentant à la couleur érable « Maple » de Kidd et Kidd.

Pour fabriquer la perle de verre, un filet de verre visqueux obtenu à partir d'une canne de verre chauffée est enroulé autour d'un fil ou d'un mandrin métallique couvert de craie ou d'une autre matière pour empêcher l'adhérence. Toujours dans un état visqueux, la perle est partiellement comprimée afin de lui donner sa forme de grain de maïs. Pour donner une finition plus douce, la perle peut être polie par abrasion en l'agitant avec d'autres perles dans un sac rempli de son.

La perle de verre peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans des bijoux. Elle peut aussi servir à créer un motif décoratif cousu sur un objet ou un vêtement. Certaines perles de verre, surtout celles de forme ronde ou circulaire, servent aussi de grains de chapelet. Dans le contexte colonial français, les perles de verre tiennent une fonction importante comme monnaie d'échange dans la traite de fourrures ou comme cadeaux lors des négociations avec les groupes autochtones.

Les perles en forme de grain de maïs sont relativement rares sur les sites archéologiques. Quelques-unes ont été trouvées sur des sites du XVIe et du XVIIe siècle, mais elles semblent plus fréquentes au XVIIIe siècle. Le site Keller associé à la tradition susquehannoïde, qui daterait d'entre 1550 et 1575, a livré quelques perles, mais leur forme n'est pas tout à fait comme celles du site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. En Iroquoisie, cinq autres perles en forme de grain de maïs de couleur verte ont été trouvées dans une fosse à grains sur le site onneiout Conklin, dont l'occupation serait datée entre 1540 et 1555.

Toujours en Iroquoisie, des perles de verre en forme de grain de maïs peuvent être trouvées à l'occasion sur les sites archéologiques datant du XVIIe siècle, dont, par exemple, des sites mohawks de l'État de New York, comme Bauder, daté aux alentours de 1640 ou le site Caughnawaga, occupé dans les années 1680. À partir des années 1630, les perles enroulées apparaissent aussi sur les sites sénécas de l'État de New York et des perles en forme de grain de maïs ont été identifiées sur les sites Steele (1630-1650), Power House (1635-1655), Marsh (1650-1670) et Dann (1655-1675).

La perle de verre en forme de grain de maïs a été trouvée lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Elle provient d'un lot associé aux déblais du creusement des tranchées de fondation du deuxième presbytère de L'Ancienne-Lorette. La déposition est datée vers 1700, immédiatement après l'abandon de la mission par les Hurons-Wendats et autres occupants du site. Cette couche comporte un grand nombre d'autres objets liés à leur présence, dont entre autres des pipes en pierre et d'autres perles de verre. Le creusement à l'origine de ces déblais aurait donc perturbé les sols d'occupation de la mission immédiatement après le départ des Hurons-Wendats et la perle aurait donc été utilisée pendant l'occupation de la mission. Elle est maintenant conservée dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

RÉFÉRENCES

FENSTERMAKER, Gerald B. Susquehanna Iroquois colored trade bead chart, 1575-1763. Archaeological research booklets. Lancaster, G.B. Fenstermaker, 1974. 8 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
KARKLINS, Karlis. « Guide to the description and classification of glass beads found in the Americas ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 24 (2012), p. 62-90.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « A Classification System for Glass Beads for the Use of Field Archaeologists ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. No 24 (2012), p. 39-61.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
PRATT, Peter P. Oneida Iroquois glass trade bead sequence, 1585-1745. Indian glass trade beads color guide series, 1. Rome, Fort Stanwix Museum, 1961. 19 p.
RUMRILL, Donald A. « The Mohawk Glass Trade Bead Chronology: ca. 1560-1785 ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 3 (1991), p. 5-45.
SCHOFF, Harry L. et Charles F. WRAY. « A Preliminary Report on the Seneca Sequence in Western New York, 1550-1687 ». Pennsylvania Archaeologist. Vol. 23, no 2 (1953), p. 53-63.
WRAY, Charles F. « Seneca Glass Trade Beads, c. A.D. 1550-1820 ». HAYES III, C. F., dir. Proceedings of the 1982 Glass Trade Bead Conference. Research Records, 16. Rochester, Rochester Museum and Science Center, 1983, p. 41-49.