Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fourneau de pipe à tuyau amovible. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fourneau de pipe à tuyau amovible. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fourneau de pipe à tuyau amovible. DessusImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fourneau de pipe à tuyau amovible. DessousImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération X > Lot 6 > Numéro de catalogue 556

Contexte(s) archéologique(s)

Canalisation
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fourneau de pipe à tuyau amovible a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est complet et que son décor est représentatif de ce type de pipe daté de la fin du XVIIe siècle. Le type de décor associé à celui dit de « sablier » est en outre reconnu et bien daté sur un autre site archéologique du Québec. Ce décor peut avoir des connotations avec la spiritualité des Autochtones.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fourneau de pipe à tuyau amovible ou « calumet canadien » sert à la consommation de produits narcotiques comme le tabac. La pipe, façonnée dans une pierre calcaire de couleur grise, a été fabriquée au XVIIe siècle et a été jetée ou perdue sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Seuls le fourneau et une partie du col sont conservés et sa hauteur résiduelle est de 2,8 cm. Son fourneau est de forme globulaire avec une lèvre en bourrelet, dont le dessus est plat. La jonction entre le fourneau et le col est aussi marquée par un bourrelet. Le col, dont seulement la partie supérieure est conservée, semble être cintré. Le fourneau est de plan circulaire et mesure 2 cm de diamètre à l'ouverture, son diamètre maximal est de 2,4 cm et sa hauteur est de 2,2 cm. Le foyer intérieur a un diamètre d'environ 1,5 cm et le diamètre de la cheminée est d'environ 0,6 cm. La base incluant le trou de fumée est manquante.

La lèvre du fourneau et le haut du col sont marqués par des bourrelets décoratifs avec un profil en biseau. Le fourneau est décoré d'un motif géométrique complexe incisé et gravé sur trois registres, séparés les uns des autres par des traits doubles horizontaux. Il y a un enlèvement d'éclat sur la paroi du col de la pipe qui pourrait être le résultat d'un accident. Des stries sont visibles sur la paroi et la base du foyer de la pipe. Il pourrait ici s'agir de traces liées à la fabrication du foyer, à son curetage ou à un déculottage de la pipe.

La fabrication de la pipe débute par la taille et le dégrossissage d'un petit galet de calcaire afin d'obtenir une ébauche, qui est façonnée pour créer le fourneau, le col et la base de la pipe. Le foyer et la cheminée sont forés à partir de l'extrémité plus large de l'ébauche et le trou de fumée est foré horizontalement à partir de la base de la pipe. Les contours et les surfaces de la pipe sont adoucis et polis par abrasion. Les bourrelets au niveau de la lèvre et du col sont façonnés à l'aide d'outils, tandis que le décor complexe du fourneau est exécuté par incision et gravure.

La pipe de type sert à la consommation de narcotiques, dont surtout le tabac. L'espèce principale consommée par les Autochtones était la « Nicotiana rustica L. ». Chez les Autochtones, fumer du tabac est d'abord issu d'une pratique symbolique et spirituelle liée au chamanisme, mais l'habitude de fumer s'est généralisée auprès des groupes autochtones au XIVe siècle, avant le contact avec les Européens. Fumer le calumet fait aussi partie des coutumes traditionnelles entourant l'établissement d'alliances et les négociations lors de la traite des fourrures.

Ce fourneau de pipe a été trouvé dans le remblai d'une tranchée abritant une conduite d'eau installée en 1916 et alimentant la nouvelle cuisine du presbytère de la mission Notre-Dame-de-Lorette. La mise en place de la conduite a bouleversé les contextes archéologiques antérieurs du secteur, y compris la cave de l'ancien presbytère aménagé sur le lieu au tournant du XVIIIe siècle ainsi que le niveau d'occupation de la mission. Le sol du remblai comporte donc un grand nombre d'artéfacts datant du XVIIe jusqu'au XXe siècle. Par contre, ce modèle de pipe est similaire à une pipe retrouvée sur le site archéologique de la Nouvelle-Ferme de la Petite île aux Oies. À cet endroit, le contexte de découverte est daté entre 1684 et 1720, donc à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. La pipe provenant de ce site peut donc être associée à la présence de la mission huronne-wendate de la fin du XVIIe siècle.

La pipe a été mise au jour entre le 22 mai et le 26 juillet 2018, lors de la fouille d'une partie de l'aire située immédiatement au nord de l'actuel presbytère de L'Ancienne-Lorette. La pipe a fait l'objet d'une analyse spécialisée à la suite de l'inventaire de la collection archéologique provenant des fouilles. Elle a, par la suite, été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

RÉFÉRENCES

BRASSER, Ted J. "Bo'jou, Neejee!" : profiles of Canadian Indian art. Ottawa, Musée national de l'Homme, 1976. 204 p.
CHAPDELAINE, Claude. « Des « cornets d'argile » iroquoiens aux « pipes de plâtre » européennes ». DELÂGE, Denys, dir., Réal OUELLET, dir. et Laurier TURGEON, dir. Transferts culturels et métissages. Amérique / Europe XVIe - XXe siècle. Les Presses de l'Université Laval, Sainte-Foy, 1996, p. 189-208.
CÔTÉ, Hélène. L'archéologie de la Nouvelle Ferme et la construction identitaire des Canadiens de la vallée du Saint-Laurent. Archéologiques. Collection Mémoires de recherche, 2. Québec, Association des archéologues du Québec, 2005. 198 p.
DAVIAU, Marie-Hélène. La pipe en pierre dans la société canadienne des XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. Cahiers d'archéologie du CELAT, 26. Québec, CELAT, 2009. 307 p.
DAVIAU, Marie-Hélène. « Pipes en pierre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 497-520.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
TREMBLAY, Roland. « Se conter des pipes : la pipe dite micmac, des origines amérindiennes aux mythes modernes ». FERLAND, Catherine, dir. Tabac & fumées. Regards multidisciplinaires et indisciplinés sur le tabagisme, XVe - XXe siècles. Québec, Presses de l'Université Laval, 2007, p. 21-50.