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L'assiette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'une assiette entière et représentative de la vaisselle utilisée pour les enfants. Elle a aussi été choisie en raison de son décor commémoratif, un type d'ornementation qu'il est peu commun de retrouver sur de la vaisselle pour enfant.

L'assiette est fabriquée après 1830 au Royaume-Uni, probablement en Angleterre, et est subséquemment importée dans la colonie du Bas-Canada, à Québec. De forme circulaire, elle présente un rebord festonné ainsi qu'un marli oblique au profil légèrement concave, et un pied annulaire est présent sous le fond.

Les petites dimensions ainsi que la présence des motifs décoratifs indiquent que cette assiette était probablement destinée à l'usage d'un enfant. En effet, le marli est décoré d'une bordure florale rehaussée d'émaux polychromes de couleur bleu, jaune, vert et rouge, et un d'enduit métallique rose (aussi appelé « pink lustre »). Le pourtour est orné d'une fine guirlande avec de grosses fleurs. D'autres fleurs sont disposées au centre du marli à intervalle régulier. Le motif décoratif imprimé dans le fond de l'assiette, représentant l'écrivain britannique George Gordon Byron (1788-1824), suggère qu'elle remplissait également une fonction commémorative pour souligner un moment de la vie de l'enfant ou comme récompense. L'image utilisée est une reproduction d'une gravure de William Finden (1787-1852) parue en 1833 dans « Finden's illustrations of the life and works of Lord Byron » par William Brockedon, elle-même inspirée d'un portrait de Lord Byron âgé de 19 ans réalisé par George Sanders (1774-1846) en 1809. Cette assiette commémorative de Lord Byron est également produite en rouge, sépia, bleu et possiblement d'autres couleurs.

Avant le XIXe siècle et les débuts de la production céramique de masse, les matériaux et les décors de la vaisselle dédiée aux enfants en font un produit plutôt luxueux. Par la suite, le développement de nouvelles techniques de fabrication au début du XIXe siècle permet d'offrir des objets plus abordables et de développer un marché ciblant les enfants. Ces assiettes, considérées comme étant un produit bas de gamme au sein des fabriques, présentent des décors colorés réalisés avec des qualités d'exécution variées. Plusieurs illustrations reproduites sur le centre de ces objets peuvent être directement copiées ou tirées de publications de façon frauduleuse. Il peut s'agir de scènes peintes ou imprimées de la vie quotidienne présentant ou non des enfants, des images d'animaux, des thèmes éducatifs ou des sujets scolaires, des scènes de comptines, de fables, d'autres avec inscriptions référant à la moralité ou la tempérance, ou encore des sujets humoristiques ou commémoratifs. Différentes couleurs sont utilisées pour les décors imprimés à partir de la fin des années 1820. Les marlis montrent différents profils, des décors moulés ou imprimés avec des motifs floraux ou des lettres, et sont parfois rehaussés de couleurs peintes. Un même thème central peut être représenté sous des couleurs différentes et avec différentes combinaisons de marli. Les assiettes au marli floral pourraient avoir une fonction pratique limitée et servir principalement d'ornement.

Au XIXe siècle, la vaisselle pour enfant peut être achetée dans des boutiques ou chez des détaillants de céramique, mais il est plus courant de trouver de telles pièces dans les marchés publics ou encore, en Angleterre du moins, auprès de vendeurs itinérants. Ces assiettes paraissent probablement dans les inventaires du XIXe siècle comme étant des « assiettes à muffin ».

L'assiette d'enfant est mise au jour en 1972 sur le site de la Batterie Royale, à Québec. Il s'agit d'une installation militaire construite à Place-Royale à partir de 1691. En 1763, elle est transformée en débarcadère portuaire. Au XIXe siècle, le site connait ensuite divers remblayages et des habitations sont construites sur une partie du site. L'assiette est retrouvée lors de la vidange supervisée des sols d'une cave, entre les contreforts 8 et 9. Le marli est taché par la rouille lors de son séjour dans le sol. L'assiette a été restaurée par l'équipe de restauration du ministère des Affaires culturelles mise sur pied lors du projet de restauration de Place-Royale.