Laboratoire d'archéologie du Québec
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Boîte à savon. Vue généraleImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Boîte à savon. Détail des marquesImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-4 > Opération 32 > Sous-opération L > Lot 35 > Numéro de catalogue 1637

Contexte(s) archéologique(s)

Incendie
Institutionnel
Parlement

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

domestique
commerciale
technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La boîte à savon a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle a été retrouvée sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni dans un contexte archéologique daté entre 1844 et 1849. Elle a aussi été choisie parce qu'elle porte une inscription identifiée et que son ornementation est représentative d'un type décoratif du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La boîte à savon en terre cuite fine blanche est fabriquée dans les ateliers de Thomas Dimmock, potier en affaires de 1828 à 1859 à Shelton dans le Staffordshire, en Angleterre. Elle est produite entre 1844 et 1849 d'après le contexte de sa découverte ainsi que l'ornementation de l'objet. La boîte à savon est ornée d'un décor imprimé à motif floral et à arabesques, connu sous le nom de « Indian Festoon » et breveté le 28 novembre 1843 selon la marque de dépôt légal visible sur chaque élément de la boîte. Ce motif fait partie d'une gamme de décors imprimés appelée « Flow Blue », qui apparait sur le marché américain en 1844 et constitue le type décoratif le plus populaire offert à l'époque.

La boîte à savon est un récipient comprenant un boîtier, un égouttoir et un couvercle servant à transporter et à conserver le savon pour la toilette. Dans un ensemble de toilette, la boîte à savon peut être assortie d'une boîte à éponge.

L'objet est mis au jour en 2017 sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni, situé à Montréal. Afin d'apaiser les tensions causées par la rébellion des Patriotes de 1837-1838, Lord Durham (1792-1840), gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique et commissaire enquêteur, propose l'union du Haut et du Bas-Canada. L'acte d'union est adopté en juillet 1840, et Kingston est désignée première capitale de la province du Canada. Dès 1843, cette fonction est déménagée à Montréal, étant une métropole commerciale bilingue et géographiquement bien placée entre les deux provinces. Le Parlement est alors installé dans le marché Sainte-Anne, construit en 1834 et le plus moderne et l'un des plus prestigieux bâtiments montréalais. Ce dernier est rénové dès mars 1844, puis le Parlement accueille les premiers débats peu après. Débattues depuis février 1849, les mesures devant dédommager les victimes de l'armée pendant les rébellions ravivent les tensions. Accueillie le 25 avril 1849, la Loi sur l'indemnisation éveille la fureur de la population et une large foule vient manifester autour du Parlement le soir même, incendiant le bâtiment et bloquant l'accès aux pompiers. Les ruines du Parlement, qui s'est écroulé sous les flammes, sont ensevelies, et le siège est déménagé à Toronto.

L'objet a été retrouvé dans les décombres de l'aile sud-est, en association avec un possible sous-plat. Au sous-sol de cette partie du bâtiment se trouvaient des appartements, tandis que le rez-de-chaussée accueillait de nombreux bureaux. Au premier étage se trouvaient la Chambre du Conseil législatif, les bureaux du président et du greffier (garde-robe) ainsi que la bibliothèque du Conseil législatif. Cet objet s'ajoute à un corpus important d'artéfacts liés à l'hygiène qui a été mis au jour dans les contextes du Parlement. En plus d'installations modernes de « water-closets », plusieurs ensembles de toilette comportant des boîtes à savon, des brosses à dents, des brocs et des cuvettes ont été d'usage sur le site entre 1844 et 1849. Bien que les boîtes à savon puissent être accompagnées de boîtes à éponge, les ensembles de toilette découverts ne possèdent qu'une seule boîte, permettant de privilégier l'hypothèse qu'il s'agit d'une boîte à savon. Ces objets viennent illustrer une activité surprenante pour un lieu de travail, mais bien documentée lors des fouilles archéologiques. Il apparait donc que les parlementaires et les fonctionnaires tenaient à maintenir une bonne hygiène personnelle sur leur lieu de travail. Un simple rasage ou la possibilité de se rafraichir devait procurer un confort bienvenu après de longues périodes de débat parlementaire, qui duraient parfois la nuit entière.

RÉFÉRENCES

COLLARD, Elizabeth. Nineteenth-Century Pottery and Porcelain in Canada. Kingston / Montréal, McGill-Queen's University Press, 1984. 477 p.
CUSHION, John P. Pocket book of British ceramic marks, including index to registered designs, 1842-83. Londres, Faber & Faber, 1976. 431 p.
Ethnoscop inc. Fouilles, sondages et surveillance archéologique sur la Place d'Youville Ouest, site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni (BjFj-4). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Pointe-à-Callière/MCCQ/Ville de Montréal, 2018. 78 p.
Ethnoscop inc. Le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du Parlement du Canada-Uni. Synthèse. Rapport de recherche archéologique [document inédit], 2019. s.p.
GODDEN, Geoffrey A. Encyclopaedia of British Pottery and Porcelain Marks. London, Herbert Jenkins, 1964. 765 p.