La platine de fusil a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de la seule platine de fusil à silex qui ait été retrouvée sur le site de la Pointe-du-Buisson. Elle a également été choisie parce qu'elle témoigne d'une occupation du site à la période historique, époque qui a laissé relativement peu d'évidences matérielles dans les sols de la Pointe-du-Buisson. Cet artéfact est de plus bien préservé et a été restauré.

La platine de fusil, de fabrication européenne, date de la période historique, vraisemblablement du Régime français (1534-1760). La platine en métal ferreux est faite de plusieurs pièces assemblées sur une plaque de platine à dos arrondi, à busc équarri et à base plate. Du côté intérieur, la plaque de platine est munie d'un rempart de bassinet, d'un grand ressort, de la gâchette et du ressort de gâchette. Quant à la face extérieure, le bassinet et la batterie ont été préservés.

La platine d'un fusil est la partie de l'arme à feu qui sert de mécanisme principal pour armer le fusil, puis produire l'étincelle au moyen de la percussion d'une pierre de silex contre une batterie de fer afin de mettre le feu à la poudre dans le canon et ainsi déclencher la détonation permettant de propulser la balle. Il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une platine pour un fusil de chasse ou de traite ou bien pour un fusil militaire. En effet, les premiers types ont une platine d'une longueur variant entre 12,5 cm et 14,0 cm, alors que le second type présente généralement une platine supérieure à 16,0 cm. Or, cette platine fait 15,3 m de longueur, ce qui la place entre les deux catégories. La corrosion ayant atteint toute la surface de l'objet pourrait toutefois en avoir réduit la longueur de quelques millimètres, rendant l'hypothèse d'un fusil militaire plausible. La typologie des pièces d'armes à feu anciennes est cependant complexe. La batterie de la platine de fusil présente une soudure (brasure) à base de cuivre afin d'y ajouter une feuille d'acier. Cette intervention a probablement servi à prolonger la durée de vie de l'arme afin de contrer l'usure de la batterie qui reçoit les chocs répétés de la pierre à fusil en silex.

La platine à fusil est mise au jour à une date indéterminée sur le site de la Pointe-du-Buisson, situé à Beauharnois, en Montérégie. Aucune donnée concernant la date de découverte, le lieu précis ou le contexte archéologique entourant la mise au jour de la platine n'est disponible, complexifiant l'identification de l'arme à laquelle elle appartenait. En outre, durant le Régime français, la Pointe-du-Buisson est un lieu de passage autant pour les Autochtones que pour les Canadiens voyageurs et les militaires en expédition.

La platine de fusil est restaurée à une date indéterminée, ce qui explique l'enduit noir recouvrant l'objet. Elle est présentement exposée à Pointe-du-Buisson, Musée québécois d'archéologie.