Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». DosImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CaFe-7 > Opération 6 > Sous-opération A > Lot 68 > Numéro de catalogue 19

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente un objet de parure porté à la fois par les Européens et les Autochtones sur le site du fort Abénakis et joue un rôle important dans leurs interrelations. Puisque ce type de bague était offert en cadeau aux convertis, sa découverte atteste de la christianisation des W8banakiak (Abénaquis) par les Jésuites. Finalement, la bague a été choisie parce qu'elle est représentative des ornements du type « monogramme marial ».

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » en métal cuivreux est composée d'un anneau circulaire sur lequel se trouve une plaque octogonale. Cette dernière est gravée d'un décor qui représente un monogramme marial composé d'un « M » et d'un « A » superposés dans un cartouche rectangulaire. Le monogramme marial peut se présenter sous de nombreuses variantes et la qualité d'exécution varie. Bien qu'une partie de l'anneau soit manquante, le petit diamètre de cette bague et des bagues à monogramme marial en général, permet de suggérer qu'elles étaient destinées à des individus de petit gabarit, comme les femmes et les enfants. La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains après 1660 et perdure jusque vers 1730. Elles sont apportées en Nouvelle-France par les missionnaires jésuites européens.

La bague dite « jésuite » est un objet de parure porté à la fois par les Européens et les Autochtones et elle joue un rôle important dans leurs interrelations. Ce type de bague était offert en cadeau aux convertis. Le décor de cet artéfact, représentant le monogramme marial, possède une connotation religieuse ou magico-religieuse. La Vierge Marie est une figure importante de la religion catholique. La piété populaire trouve en Marie la plus puissante des protectrices et la médiatrice par excellence en raison de son lien privilégié avec Dieu et Jésus. Elle est plus particulièrement associée à la protection de l'enfance et de la maternité. En signe de dévotion, nombreuses sont les femmes qui portent sur elles des objets religieux et des bijoux ornés du monogramme marial, telle cette bague. Plusieurs le font aussi pour s'attirer ses bonnes grâces durant leur grossesse et leur accouchement.

La bague dite « jésuite » est mise au jour en 2013 sur le site du fort Abénakis, à Odanak. Elle est retrouvée dans une fosse avec des artéfacts datant d'entre 1700 et 1759.

Afin de situer l'occupation du site du fort Abénakis, certaines datations ont été réalisées au moyen d'analyses au carbone 14. Elles ont été effectuées sur des fragments de charbon et des grains de maïs carbonisés retrouvés dans certaines fosses du site. Les analyses ont révélé différentes datations, dont la plus ancienne se situe entre 1522 et 1620 (1571 ± 49). Ces résultats suggèrent que le fort Abénakis a été occupé en continu par les W8banakiak (Abénaquis), possiblement à compter des années 1522 ou un peu plus tard. L'occupation s'est ensuite poursuivie jusqu'à l'arrivée des Français dans la région, qui y établissent une mission en 1704. Bien que cette dernière ait été incendiée en 1759, l'occupation du site par les W8banakiak (Abénaquis) s'est tout de même poursuivie et elle perdure encore aujourd'hui.

RÉFÉRENCES

MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.
PLOURDE, Michel et Geneviève TREYVAUD. Les Abénakis d’Odanak, un voyage archéologique. Odanak, Musée des Abénakis, 2017. 127 p.