Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pointe lancéolée bipointée à pédoncule. Face AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pointe lancéolée bipointée à pédoncule. Face BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pointe lancéolée bipointée à pédoncule. ProfilImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiEr-14 > Numéro de catalogue 29L
BiEr-14 > Numéro de catalogue 346L

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pointe lancéolée bipointée à pédoncule a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est l'un des rares exemplaires de pointes datant du Paléoindien récent (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui) de type «Agate Basin» retrouvés sur le territoire québécois. Elle a également été choisie parce qu'il s'agit d'une pointe typique de cette époque et de la tradition Plano.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pointe lancéolée bipointée à pédoncule est représentative du Paléoindien récent, qui se situe de 10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui. Cette pointe est associée au type « Agate Basin », qui est spécifiquement représentatif de la phase ancienne du Paléoindien récent au sud du Québec. Selon le cadre chronologique proposé par des archéologues américains, cette phase s'échelonnerait entre 11 600 et 10 800 ans avant aujourd'hui. Cependant, puisqu'il n'existe aucune date radiocarbone pour appuyer ce cadre chronologique au Québec, l'âge présumé de ce type de pointe serait donc plus récent. Il est toutefois probable que ce type de pointe se retrouve sur le territoire québécois dès11 000 à 10 000 ans avant aujourd'hui. La pointe est taillée en rhyolite à l'origine verdâtre, une pierre provenant de la région du mont Kineo, près du lac Moosehead dans le Maine. Le matériau est caractérisé par la présence d'intrusions typiques des rhyolites. Étant donné la grande quantité d'éclats de débitage de ce matériau retrouvés sur le site de la découverte de l'objet, l'outil aurait vraisemblablement été taillé sur place.

La pointe lancéolée bipointée à pédoncule de type « Agate Basin » est une pointe de projectile servant à armer une lance, projetée à la main ou à l'aide d'un propulseur, qui est utilisée principalement pour la chasse. Les particularités techniques de cette arme de chasse sont la forme lancéolée, des épaules bien marquées ainsi qu'une base avec ou sans pédoncule. Cet aménagement de la base sert à faciliter l'emmanchement de la pointe. Le possible pédoncule de cette pointe est étroit et convexe, donnant une allure pointue à la partie proximale. Cette catégorie de pointes, appelées bipointes, se retrouve sur d'autres sites du Paléoindien récent. Cependant, comme la pointe ne présente qu'une épaule, il est possible que sa fabrication ne soit pas achevée et qu'il s'agisse d'une préforme. L'extrémité distale manquante pourrait avoir été brisée lors de la finition de l'outil. Brisée en plusieurs fragments, la pointe est abandonnée sur le site. L'altération naturelle de la pierre lui donne une couleur blanchâtre.

La pointe lancéolée bipointée à pédoncule est mise au jour en 2003 et en 2004 sur le site archéologique Cliche-Rancourt (BiEr-14), situé sur une rive du lac aux Araignées dans le secteur de Mégantic en Estrie. Les trois fragments sont retrouvés à proximité et proviennent de l'aire d'occupation principale du site, comprenant les restes d'un campement recelant des traces d'activités domestiques et artisanales, comme la taille de la pierre, principalement de la rhyolite du mont Kineo. Cette découverte soulève la question de la présence d'un groupe associé à la tradition Plano dans la région du lac Mégantic au Paléoindien récent.

La très grande majorité des artéfacts mis au jour avec cette pointe ont été fabriqués à partir de pierres provenant des États de la Nouvelle-Angleterre. Il est donc fort probable que le groupe de la région de Mégantic faisait partie d'une bande plus étendue qui avait pour centre d'opération le Maine et le New Hampshire.

L'objet fait partie de l'exposition itinérante « Clovis, peuple chasseur de caribous » présentée par le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke entre 2015 et 2020.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude. « Cliche-Rancourt, un site du Paléoindien ancien ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Entre lacs et montagnes au Méganticois, 12 000 ans d’histoire amérindienne. Paléo-Québec, 32. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 2007, p. 47-120.
CHAPDELAINE, Claude. Le Méganticois : Fouilles et inventaire dans le secteur du Lac-Aux-Araignées, juin et septembre 2004. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université de Montréal, 2004. 94 p.
CHAPDELAINE, Claude. Le Méganticois : la vingt-cinquième école de fouilles, juillet-août 2003. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université de Montréal, 2003. 133 p.