Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment d'épis de maïs. Côté AImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment d'épis de maïs. Côté BImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment d'épis de maïs. Vue en angleImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CaFe-7 > Opération 1 > Sous-opération F > Lot 16 > Numéro de catalogue 6

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment d'épi de maïs a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit de l'un des trois échantillons de maïs ayant été analysés au carbone 14. Il a également été choisi parce qu'il représente la grande quantité de grains de maïs carbonisés retrouvés sur le site, démontrant l'importance de cette plante dans la culture et l'alimentation des W8banakiak (Abénaquis). Il témoigne aussi de l'introduction de cette plante aux Français de la mission qui résidait sur le site du fort Abénakis.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment d'épi de maïs est un écofact appartenant à l'espèce « Zea mays indurata », aussi appelée « Northern Flint » ou « Silex du nord ». Il s'agit d'une variété de maïs à grains durs comprenant de huit à dix rangs. Historiquement, il s'agit de l'espèce de maïs la plus largement cultivée sur le territoire nord-est américain avant l'arrivée des Européens. Cette espèce présente des modifications biologiques naturelles et artificielles résultant d'une adaptation au climat plus rude de cette région, d'une présence prolongée sur le territoire ainsi que d'une gestion et d'une sélection des plants par l'homme.

Occupant une place importante dans l'alimentation des Autochtones, le maïs était cultivé à l'origine à l'état sauvage avec une multitude d'autres espèces graminées. Au courant des interactions et de la sélection par l'homme de plants possédant certaines caractéristiques, le maïs a été domestiqué et cultivé de manière plus rigoureuse en combinaison avec les courges et les fèves. Cette polyculture du maïs, des fèves et des courges, nommée des « trois soeurs », est très répandue parmi les groupes autochtones peuplant le Nord-Est américain. Cette technique favorise la culture d'un espace minimum de terrain avec une production maximale des végétaux plantés. Elle tire avantage des besoins, des caractéristiques et des spécificités de chacune des plantes pour favoriser leur croissance commune. Le maïs est l'une des principales espèces de végétaux cultivés par les W8banakiak (Abénaquis) et occupe une place importante dans leur alimentation. Dans ses écrits d'octobre 1723, le prêtre français Sébastien Rale, missionnaire jésuite chez les W8banakiak (Abénaquis), relate le fait que ces derniers plantent le « skamounar » ou maïs indien au début du mois de juin pour le récolter à la fin du mois d'août.

Le fragment d'épi de maïs est mis au jour en 2012 sur le site du fort Abénakis, à Odanak. En plus d'une grande quantité de fragments d'épi de maïs carbonisé retrouvés dans une cinquantaine de fosses sur le site archéologique, deux meules attestant de la transformation de ces végétaux ont aussi été découvertes. La présence de maïs est attestée de manière plutôt régulière sur les sites archéologiques un peu partout sur le territoire nord-est américain datant de 1 000 ans avant aujourd'hui jusqu'à la période de contact.

Des analyses au carbone 14 effectuées sur ce fragment d'épi ont permis de dater l'écofact entre 1664 et 1796, soit une date médiane de 1730 (± 66). Les datations d'autres objets retrouvés sur le site dont la plus ancienne se situe entre 1522 et 1620 (1571 ± 49), suggèrent que le fort Abénakis a été occupé en continu par les W8banakiak (Abénaquis), possiblement à compter des années 1522 ou un peu plus tard. L'occupation s'est ensuite poursuivie jusqu'à l'arrivée des Français dans la région, qui y établissent une mission en 1704. Bien que cette dernière ait été incendiée en 1759, l'occupation du site par les W8banakiak (Abénaquis) s'est tout de même poursuivie et elle perdure encore aujourd'hui.

Le fragment d'épi de maïs est exposé au Musée des Abénakis, dans le quadrilatère historique d'Odanak.

RÉFÉRENCES

HART, John P. et William A. LOVIS. « Reevaluating What We Know About the Histories of Maize in Northeastern North America: A Review of Current Evidence ». Journal of Archaeological Research. Vol. 21, no 2 (2013), p. 175-216.
PLOURDE, Michel et Geneviève TREYVAUD. Les Abénakis d’Odanak, un voyage archéologique. Odanak, Musée des Abénakis, 2017. 127 p.
THWAITES, Reuben Gold, dir. The Jesuit relations and allied documents : Travels and explorations of the Jesuit missionaries in New France, 1610-1791. Vol. 67. Cleveland, The Burrows Brothers Company, 1900. 343 p.