Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

5G > Opération 94 > Sous-opération B > Lot 22 > Numéro de catalogue 1Q
BgFh-18 > Opération 94 > Sous-opération B > Lot 22 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Militaire

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de bombe a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, parce qu'il est associé au siège du fort de l'Île-aux-Noix de 1760 et qu'il représente l'une des variétés de projectiles utilisés au XVIIIe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de bombe est possiblement fabriqué en Angleterre ou en Nouvelle-Angleterre au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La bombe est un projectile sphérique creux rempli d'une charge d'environ 16 livres de poudre par une ouverture située sur son sommet, appelée lumière ou trou de fusée. Cette dernière est ensuite fermée par un bouchon de bois ou de liège. Deux anses, situées de chaque côté de la lumière et coulées à même l'objet, en facilitent le transport. La bombe à laquelle appartenait ce fragment pouvait peser entre 170 et 194 livres.

Tout juste avant de faire feu, le bouchon est remplacé par une fusée en bois conique, traversée au centre par une mèche en corde et remplie de poudre. La longueur de la mèche, calculée avec soin, détermine le moment auquel explose la bombe. La mèche est généralement allumée par la détonation du mortier qui la projette. Propulsée à un angle de 45 degrés permettant de tirer au-dessus des ouvrages défensifs, la bombe est destinée à éclater en plein vol ou au contact avec sa cible, en plusieurs fragments. Les éclats de fonte projetés par l'explosion causaient alors des dommages considérables aux installations intérieures ou aux troupes qui y étaient postées. Ce type de projectile peut être projeté jusqu'à une distance d'environ 4 km.

Le fragment de bombe est mis au jour sur le site du fort de l'Île-aux-Noix, situé sur la rivière Richelieu proche du lac Champlain. Tôt en 1759, les troupes françaises entreprennent la construction d'un fort de campagne sur cette île. L'érection de ce fort a pour but de maintenir autant d'hommes que possible entre les armées britanniques postées dans la région de Lake George et Montréal, afin de ralentir l'avancée des troupes ennemies. L'objectif était aussi de faciliter le ravitaillement des postes situés autour du lac Champlain. Après la campagne militaire de 1759, les frontières de la Nouvelle-France se resserrent drastiquement autour de Montréal. Pendant l'année, le fort Carillon (Ticonderoga) et le fort Saint-Frédéric (actuellement situé à Crown-Point dans l'État de New York) sont pris par les troupes britanniques, alors que les militaires français battent en retraite au fort de l'Île-aux-Noix. L'été suivant, soit le 16 août 1760, ce poste est abandonné après un siège de huit jours et les troupes françaises se replient sur Montréal après avoir incendié les postes de Saint-Jean, de Sainte-Thérèse et de Chambly, ceci afin d'éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi. Le fort français de l'Île-aux-Noix se trouve aujourd'hui sous les nombreux vestiges de forts britanniques qui se sont succédé sur l'île après la Conquête, dont le fort Lennox, toujours debout aujourd'hui.

Cette bombe a probablement été tirée sur le fort de l'Île-aux-Noix par l'armée britannique lors du siège de 1760.

Élément(s) associé(s)

RÉFÉRENCES

L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Le siège du fort de l’Île-aux-Noix en 1760, à partir des projectiles d’artillerie et de la documentation historique. [Document inédit], Parcs Canada, 2009. 62 p.
LE BLOND, Guillaume. L'artillerie raisonnée, contenant la description & l'usage des différentes bouches à feu, avec le détail des principaux moyens employés, ou proposés, pour les perfectionner la théorie & la pratique des mines; du jet des bombes, [...]. Paris, Chellot & Jombert fils jeune Librairie, 1776. 673 p.