Laboratoire d'archéologie du Québec
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Brai. Côté AImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Brai. Côté BImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EdBt-3 > Numéro de catalogue 7619

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Fonction du site

domestique
pêche

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le brai fait partie de la collection archéologique de référence du Québec en raison de sa rareté et parce qu'il témoigne du travail d'entretien par des calfats sur les navires ancrés dans l'anse du Petit Mécatina au cours du XVIe siècle. Le brai, trouvé en contexte subaquatique, est une matière organique qui se conserve difficilement.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le brai est un produit à base de résine de conifère retrouvé dans plusieurs dépôts subaquatiques de l'île du Petit Mécatina. Il aurait été utilisé au XVIe ou au début du XVIIe siècle pour calfater les navires des chasseurs de baleine et des pêcheurs de morue basques. Le restant de brai mis au jour est une masse informe aplatie de couleur grise à blanchâtre d'une matière solidifiée, dont la surface est irrégulière et fissurée. La masse semble avoir été pétrie à la main, peut-être pour l'assouplir avant son application.
Le brai, connu sous forme sèche et grasse, aurait été obtenu à partir de résine de conifère mélangée avec un ou plusieurs autres ingrédients. Le procédé de transformation pouvait inclure de la cuisson. Ainsi, le brai sec aurait pu s'obtenir en cuisant la résine avec de l'eau ou du vinaigre et en la faisant sécher par la suite. Le brai gras aurait pu être produit à partir de brai sec mélangé avec d'autres substances grasses comme du suif, de l'huile de poisson ou, au Pays basque, de l'huile de baleine. Le mélange pouvait aussi contenir du goudron, de la graisse, de la résine ou du soufre. Ces mélanges permettaient de ramollir le brai sec.

Un échantillon du brai trouvé à l'île du Petit Mécatina en 2012 a fait l'objet d'une analyse qui a révélé qu'il s'agit effectivement de résine de pin qui a été chauffée.
Le brai était appliqué sur la coque des navires avec de l'étoupe, soit un matériau de calfatage inséré entre les planches du bordage et composé en général de fibres de chanvre ou de lin bien adaptées pour absorber la matière grasse qu'est le brai, le goudron ou autre matériau utilisé. D'autres fibres végétales ou animales pouvaient être utilisées, comme du coton, des mousses, de la laine et même des cheveux ou des poils d'animaux, mais elles étaient généralement moins efficaces que l'étoupe. Des calfats, artisans spécialisés dans le calfatage des navires, faisaient partie de l'équipage des navires basques et assuraient l'entretien de la coque des navires pendant les voyages de pêche.

Le brai est trouvé en 2013 dans un dépôt subaquatique stratifié à l'extrémité nord de deux grands monticules de pierres de lest, SP 4 et SP 6. Le même secteur de fouille a livré une panoplie d'autres objets, dont de nombreuses céramiques, comportant trois réchauds, plusieurs pots, des marmites, des jarres à olives ibériques, des écuelles en majolique aragonaise et d'autres objets. Des pièces de barriques et des déchets de bois témoignant du travail des tonneliers et des charpentiers y sont aussi découverts, de même que des restes alimentaires variés, des récipients en bois, un anneau de vannerie, un manche de couteau, des fragments de chaussures, des perles de chapelet en matériaux variés, une coquille de pétoncle géant, des cendrées ou chevrotines et une balle de mousquet ainsi que des déchets liés à la fabrication sur place de ces munitions, une ancre de petite embarcation, des tuiles à toiture et des pierres de lest. Des os de baleine trouvés sur le site confirment que les Basques chassaient ce cétacé à l'île du Petit Mécatina.

RÉFÉRENCES

FITZHUGH, William W. et Erik PHANEUF. The Gateways Project 2013. Land and Underwater Excavations at Hare Harbour and Brador. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2014. 126 p.
INSTITUT CANADIEN DE CONSERVATION et Jennifer POULIN. « Analyse d'échantillons prélevés sur des objets provenant du site EdBt-3 pour le Centre de Conservation du Québec, Québec (Québec) ». FITZHUGH, William W. The Gateways Project 2012. Land and Underwater Excavations at Hare Harbor, Petit Mecatina and Little Canso Island. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Smithsonian Institution/Université de Montréal/Artic Studies Center, 2013, p. 223-227.
LA ROCHE, Daniel. « Les matériaux de calfatage et les revêtements de protection ». BERNIER, Marc-André, Robert GRENIER et Willis STEVENS. L'archéologie subaquatique de Red Bay : la construction navale et la pêche de la baleine basques au XVIe siècle. Ottawa, Parcs Canada, 2007, p. 91-101.