Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bague dite « jésuite ». FaceImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». Vue généraleImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». DétailImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bague dite « jésuite ». Vue en angleImage
Photo : Julie Toupin 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-27 > Opération 3 > Sous-opération C > Lot 10 > Numéro de catalogue 908

Contexte(s) archéologique(s)

Artisanal
Moulin

Région administrative

Capitale-Nationale

MRC

La Côte-de-Beaupré

Municipalité

Château-Richer

Fonction du site

technologique
institutionnelle

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bague dite « jésuite » fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle est représentative du type stylistique « monogramme christique ». De plus, son contexte archéologique de découverte, soit sur un site artisanal, tend à démontrer que les Français établis au Canada portent eux aussi cette parure à connotation religieuse ou magico-religieuse.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bague dite « jésuite » est un modèle de bague moulée à décor gravé importé de France. Ce modèle de bague aurait été fabriqué dans le Poitou et embarqué à La Rochelle, un port commercial particulièrement actif dans l'approvisionnement du Canada entre 1630 et 1720, environ.

Le moulage consiste à mettre en forme le métal en fusion en le coulant dans un moule. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les bijoutiers utilisent de nombreuses techniques de moulage pour confectionner des parures en métaux précieux et semi-précieux, notamment la fonte à la cire perdue, la fonte dans des moules réutilisables et la fonte à l'os de seiche.

La technique de décoration utilisée est la gravure. Celle-ci consiste à entamer la surface du métal à l'aide d'un outil tranchant, comme un burin ou une pointe-sèche.

Le monogramme christique, formé des lettres IHS surmontées d'une croix, est le décor le plus répandu sur les bagues à plaque découvertes en Amérique du Nord. Ce serait d'ailleurs l'une des raisons ayant incité les archéologues à accoler le qualificatif « jésuite » à cet objet. Ce motif décoratif possède une connotation religieuse ou magico-religieuse. Utilisé comme abréviation pour le nom grec de Jésus (IHSOUS ou IHSOYS) depuis l'Antiquité (IVe-Ve siècles), il est popularisé en Europe par saint Bernardin de Sienne (1380-1444) et par saint Ignace de Loyola (1491-1556). Ce dernier en fait le blason de la Compagnie de Jésus, qu'il fonde en 1540. Du XVe au XVIIIe siècle, la piété populaire fait également du monogramme christique un puissant symbole de protection, qui est apposé autant sur les objets de dévotion que sur les objets du quotidien.

En Nouvelle-France, la bague dite « jésuite » est un objet de parure portée à la fois par les Français et les Autochtones. Ce type de bague joue également un rôle important dans les relations franco-autochtones.

Cette bague, dont l'anneau est légèrement déformé, est mise au jour en 1999 sur le site du vieux couvent de Château-Richer. Elle provient d'une couche de sol témoignant de la construction du moulin à vent banal de la seigneurie de Beaupré (vers 1652-1657). La bague dite « jésuite » fait son apparition sur les sites archéologiques nord-américains après 1650 et perdure jusque vers 1720.

RÉFÉRENCES

MERCIER, Caroline. Bijoux de pacotille ou objets de piété? : les bagues dites « jésuites » revisitées à partir des collections archéologiques du Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 34. Québec, Célat, 2012. 234 p.