Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille cylindrique. Vue généraleImage
Photo : Lise Jodoin 0, © Université Laval

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Opération 57 > Sous-opération B > Lot 5 > Numéro de catalogue 4

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines
Palais

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille de forme cylindrique fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'elle a été trouvée dans la fosse maçonnée des latrines occidentales du second palais de l'intendant à Québec. Elle témoigne de l'utilisation de ce type de contenants par les intendants de la Nouvelle-France établis à Québec au cours du deuxième quart du XVIIIe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Cette bouteille de forme cylindrique est en verre teinté de couleur bleu-vert.

Ce type de contenant cylindrique en verre teinté apparaît dans la colonie vers la fin du XVIIe siècle. Les documents anciens indiquent que les flacons à col étroit pouvaient contenir des boissons alcoolisées comme du vin, des spiritueux et de l'eau-de-vie parfumée. Parmi les autres liquides, il y avait du vinaigre et de l'huile d'olive. Les flacons à col large renfermaient divers aliments macérés ou non dans l'alcool : citrons confits, fruits à l'eau-de-vie, câpres, anchois, huîtres marinées, moutarde, olives et piments.

De par sa forme, ce contenant se prêtait à l'entreposage debout dans une boîte en bois garnie de séparateurs, la canevette. Cette boîte permettait aussi de transporter plusieurs flacons à la fois. Ce contenant aurait été fermé par un bouchon en liège.

Bien que cet artéfact provienne d'un contexte archéologique daté entre 1722 et 1768 environ, il est plus probable que la bouteille cylindrique ait été importée dans la colonie avant 1759, soit à l'époque durant laquelle le palais est occupé par un intendant français. Ce contenant a pu être acquis et utilisé par les intendants Gilles Hocquart (1729-1748) ou François Bigot (1748-1759). Il est cependant plus probable qu'il s'agisse de Hocquart, comme le suggère la datation des artéfacts de l'époque française retrouvés dans le fond de la fosse des latrines. Il semble improbable que ce contenant ait été acquis par des officiers de l'armée britannique logeant au palais entre 1759 et 1775, car l'importation en Angleterre de produits français était interrompue lors des conflits armés, qu'il s'agisse de la guerre de Succession d'Autriche (1741-1748) ou de la guerre de Sept Ans (1756-1763).

Le plan du second palais dessiné en 1715 indique la présence, dans les caves voûtées du bâtiment, d'une cave à vin et à bière. Il se peut que ce contenant ait été conservé longtemps, même vide, dans les caves du palais, car la réutilisation des contenants en verre pour l'embouteillage du vin, ainsi que pour d'autres produits, était fréquente à l'époque.

Cette bouteille est mise au jour en 2007. Elle provient des latrines du second palais de l'intendant à Québec, qui est construit de 1715 à 1719. Des latrines extérieures, aménagées sur deux étages, sont ajoutées près des flancs extérieurs des avant-corps latéraux ouest et est en 1721 ou 1722. Elles sont munies chacune d'une fosse maçonnée et voûtée et sont reliées au palais par des passerelles fermées.

Incendié en 1725, alors que seuls ses murs, voûtes et cheminées sont conservés, le palais est reconstruit en 1726.

Le second palais sert de résidence à quatre des intendants de la Nouvelle-France établis à Québec : Michel Bégon de la Picardière (1710-1724), Claude-Thomas Dupuy (1726-1728), Gilles Hocquart (1729-1748) et François Bigot (1748-1759).

À la suite de la reddition de la ville de Québec à l'armée britannique en septembre 1759, le second palais sert de quartiers à divers régiments de l'armée. L'armée britannique déserte le palais à l'automne 1775, lors du siège de Québec par les troupes américaines. Celles-ci investissent le palais pour quelque temps, avant d'en être chassées par les bombes tirées sur l'édifice par les artilleurs anglais. Le palais est alors incendié et ne sera jamais reconstruit.

RÉFÉRENCES

BAIN, Allison, dir. et Lorenzo ALBERTON. Les latrines à l'ouest du nouveau palais de l'Intendant revisitées. Site de l'Îlot des Palais, CeEt-30, 2007. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval, 2011. 63 p.
BARTON, Kenneth James et E. Ann SMITH. Terres cuites grossières provenant de la forteresse de Louisbourg/Verre datant présumément du premier siège de Louisbourg. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, 1981. 275 p.
BOSSCHE, Willy Van den. Antique glass bottles : their history and evolution (1500-1850). Woodbridge, Antique Collector's Club, 2001. 439 p.
HARRIS, Jane E. et Paul MCNALLY. Bouteilles françaises bleu-vert du XVIIIe siècle récupérées à la forteresse de Louisbourg, Nouvelle-Écosse/Le verre de table français de la forteresse de Louisbourg, Nouvelle-Écosse. Histoire et archéologie, 29. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Parcs Canada, 1979. 160 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. Les modes de vie à Québec et à Louisbourg au milieu du XVIIIe siècle à partir de collections archéologiques. Collection Patrimoines, série Dossiers, 86. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1994. s.p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
LAPOINTE, Camille. Le verre des latrines de la maison Perthuis. Les collections archéologiques de la place Royale, 52. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1981. 206 p.
PARENT, Caroline. L'hygiène personnelle des membres de l'élite administrative française au XVIIIe siècle : étude des objets de l'hygiène contenus dans les latrines ouest du second palais de l'intendant à Québec (CeEt-30) (1719-1759). Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine/Université Laval, 2011. 66 p.