Laboratoire d'archéologie du Québec
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Grain de chapelet. Vue à la verticaleImage
Photo : Luc Bouvrette 2016, © Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-101 > Opération 3 > Sous-opération B > Lot 31 > Numéro de catalogue 227

Contexte(s) archéologique(s)

Fort

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

commerciale : poste de traite
religieuse
militaire
domestique
entreposage
halte, lieu de surveillance
agricole
institutionnelle
commerciale

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le grain de chapelet fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il a été trouvé dans la cour intérieure du fort de Ville-Marie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le grain de chapelet a été façonné avec un outil à partir d'un os d'animal, puis poli par abrasion. Il est percé d'un petit trou, fait avec un foret, qui le traverse d'un bout à l'autre. Le décor du grain se compose de trois anneaux incisés.

Le grain de chapelet fait partie d'un ensemble de grains similaires réunis par un fil de cuivre ou une cordelette pour former un chapelet, objet de dévotion servant à la pratique individuelle de la prière et du culte chrétiens. En raison de son grand format et de son décor, ce grain constitue un séparateur marquant la prière du Notre Père. Désigné sous le nom de pater, il est situé à la suite d'une série de 10 grains sphériques de diamètre inférieur et sans décor.

Le chapelet ordinaire compte cinq dizaines de petits grains, séparées chacune par un gros grain. Il y a parfois deux autres gros grains sur la section de la croix. Les chapelets garnis de grains en os sont considérés comme les plus communs et les moins luxueux.

Les catholiques et les protestants, de religion chrétienne, se servent d'un chapelet. Le chapelet catholique comprend 59 grains et est pourvu d'une croix ou d'un crucifix ainsi que d'une médaille. Le chapelet anglican compte, du moins de nos jours, 33 grains, à l'image du nombre d'années que le Christ a vécu sur terre, et il est orné d'une croix.

En France, les Jésuites donnent des chapelets en récompenses aux personnes, enfants et adultes, qui savent réciter parfaitement les prières essentielles. La pratique s'est transportée en Nouvelle-France, bien que les documents mentionnent davantage le don de petits tuyaux (perles tubulaires) de verre, de rassades (petites perles rondes) et de bagues en laiton.

Ainsi, en Nouvelle-France, les missionnaires jésuites donnent des chapelets aux Autochtones nouvellement baptisés pour marquer de manière solennelle l'abandon de leurs anciennes croyances. Le chapelet est léger et peut être transporté par l'Autochtone baptisé dans tous ses déplacements. Les Jésuites en donnent aussi aux mères qui les mettent au cou de leurs enfants, afin de leur faire bénéficier de la protection divine.

En 1622, lors de la campagne de Louis XIII contre les places fortes protestantes du sud de la France, un opuscule rédigé par un certain Fontenay encourage le Roi à placer ses troupes sous la protection du Rosaire, afin de soumettre aisément les villes rebelles. Il propose notamment de fournir un chapelet béni, dont l'apparence varie selon le grade : un soldat reçoit un chapelet de deux sous, enfilés de fil ciré ou de corde à boyau, alors que les chefs et qualifiés en reçoivent un de plus haut prix.

Cet artéfact a été découvert en 2002 sur le site du fort de Ville-Marie, à Montréal. Ce fort est construit en 1642, agrandi en 1643 et abandonné à partir de 1665, à la suite du départ de Paul de Chomedey de Maisonneuve, l'un des fondateurs de Ville-Marie. Puisque seulement quelques grains de chapelet éparses ont été trouvés sur le site du fort de Ville-Marie, sans médaille ni crucifix de chapelet, il se peut qu'ils aient été utilisés comme des perles de verre. Ils auraient pu servir de parure et être échangés ou donnés en guise de présent aux Autochtones en visite sur le site.

Des grains de chapelet en bois ou en os ont été trouvés sur le site de la mission jésuite de Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons, en Ontario, dans un contexte daté entre 1639 et 1649. D'autres, également en bois ou en os, ont été trouvés sur le site patrimonial de l'Habitation-Samuel-De Champlain à Québec, dans un contexte daté entre 1608 et 1632.

RÉFÉRENCES

BÉLANGER, Christian et Brad LOEWEN. Fouilles archéologiques dans l'îlot Callière à Montréal, BjFj-101. Rapport d'activités de 2002. Rapport de recherche archéologique [document inédit], MCCQ/Ville de Montréal/Pointe-à-Callière/Université de Montréal, 2004. 85 p.
DESJARDINS, Pauline et Geneviève DUGUAY. Pointe-à-Callière. L'aventure montréalaise. Montréal / Sillery, Vieux-Port de Montréal / Septentrion, 1992. 134 p.
FRIANT, Emmanuelle. Le catholicisme matériel : les objets de piété privée dans la France des XVIe et XVIIe siècles. Université de Nancy 2, 2009. 839 p.
KIDD, Kenneth E. The excavation of Ste Marie I. Toronto, University of Toronto Press, 1949. 191 p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.