Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pipe. Côté gaucheImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pipe. Côté droitImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pipe. Détail du talonImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pipe. Détail du foyerImage
Photo : Joey Leblanc 2018, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 2 > Sous-opération BB' > Lot 8 > Numéro de catalogue 804

Contexte(s) archéologique(s)

Tour

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pipe a été sélectionnée pour la collection de référence archéologique du Québec, car elle est associée à l'occupation de la seconde habitation à l'époque de Samuel de Champlain (1624-1632). Elle a aussi été choisie parce qu'elle présente des caractéristiques représentatives de la typologie des pipes en terre cuite en vigueur.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pipe est vraisemblablement façonnée au cours de la première moitié du XVIIe siècle dans la région de Gouda, en Hollande. Son profil correspond aux formes établies par les pipiers hollandais de cette région entre 1620 et 1640. Faite de terre cuite fine argileuse et blanche, la pipe est constituée de deux fragments recollés. Elle est munie d'une ouverture resserrée, d'un large talon et d'un tuyau droit. Son fourneau globulaire a une faible capacité, le tabac de l'époque contenant une haute teneur en nicotine. Une partie du tuyau et de l'embout sont manquants.

La pipe sert à la consommation de narcotiques tels que le tabac. Une pipe complète de ce modèle mesure environ 22 cm de longueur totale, incluant le tuyau. La pipe, importée dans la colonie de Québec, provient d'un contexte daté entre 1624 et 1632. Cette pipe ne semble toutefois pas avoir servi, car l'intérieur du fourneau ne présente aucune trace de combustion. À l'époque, puisque les Français ne fumaient que très peu, il est possible que cette pipe ait été destinée aux échanges commerciaux avec les Autochtones. Cette pipe fait probablement partie d'une « grosse », une caisse contenant douze douzaines de pipes.

Comme les frères Kirke occupent la seconde habitation de 1629 à 1632, il est également possible que ces pipes, importées des Pays-Bas, soient apportées à Québec par ces derniers, alors au service de la couronne britannique. Lors de leur départ en 1632, les frères Kirke incendient la seconde habitation, causant vraisemblablement l'apparition de marques de combustion sur le fourneau et le tuyau de l'objet.

La pipe est mise au jour entre 1975 et 1976 sur le site de l'Habitation. Ce site constitue le premier établissement français permanent en Amérique du Nord et est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La pipe fait partie d'un lot de 125 pipes similaires retrouvées dans la tour nord-ouest de la seconde habitation, certaines ayant un éperon, d'autres un talon plat, et présentant des formats légèrement différents.

D'autres pipes identiques ont été retrouvées sur le site des Châteaux-et-Forts-Saint-Louis, mais à la différence qu'elles portent des traces d'utilisation. Il est possible que ces pipes aient servi aux Autochtones ayant visité le fort, puisqu'elles ont été retrouvées avec des pipes de tradition huronne.

RÉFÉRENCES

DROUIN, Pierre et Mario SAVARD. Les pipes à fumer de Place-Royale. Collection Patrimoines, série Dossiers, 67. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 2000. 412 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
PICARD, François-Dominique. Le magasin du Roy ou seconde habitation de Champlain, rapport de fouilles archéologiques, Place-Royale, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1976. 94 p.
VAN DER MEULEN, J. Goudse Pijpenmakers en Hun Merken. Den Haag, Musea Gouda, 2003. 137 p.