Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible. Face externeImage
Photo : Émilie Deschênes 2016, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

DaEk-10-1C4-13
Fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible. Face interneImage
Photo : Émilie Deschênes 2016, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible. DessinsImage
Photo : 2004, © Marie-Hélène Daviau

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DaEk-10 > Opération 1 > Sous-opération C > Lot 4 > Numéro de catalogue 13

Contexte(s) archéologique(s)

Poste

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est représentatif des pipes de ce type dotées d'un fourneau ovoïde décoré.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Ce fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible daterait de la première moitié du XVIIIe siècle. L'objet en pierre comporte un fourneau ovoïde orné d'un décor gravé constitué de lignes verticales et d'une bande centrale faite d'une série de chevrons.

Les pipes à tuyau amovible, comme celle dont faisait partie ce fragment, sont en usage de la deuxième moitié du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ce type devient commun au XVIIIe siècle et sa popularité est à son apogée entre 1740 et 1770. Parmi les pipes de type « micmac », peu de spécimens forment le sous-type avec fourneau ovoïde décoré. Ce décor se trouve toutefois sur des pipes ayant une autre forme de fourneau. Il est possible que ce modèle soit disponible chez certains marchands de l'époque ou soit distribué dans les réseaux de traite.

Les analyses de la matière première de cet objet montrent une composition se rapprochant d'un échantillon de pierre de la chute Montmorency, près de Québec. Par ailleurs, les écrits du botaniste Pehr Kalm (1716-1779), de passage en Nouvelle-France en 1749, font mention d'une source de pierre utilisée à cet endroit pour fabriquer des calumets. La composition similaire de pipes au même décor, dont un spécimen découvert sur le site du parc de l'Artillerie à Québec, supporte l'hypothèse d'une fabrication organisée depuis une même source, possiblement par un même artisan.

La pipe sert à la consommation de narcotiques tels que le tabac ou d'autres mélanges. Elle joue aussi un rôle dans les rituels politiques et commerciaux, notamment lors de la traite des fourrures. Dans certains cas, l'objet permet à son propriétaire d'afficher son appartenance à un groupe culturel particulier.

Ce fragment a été mis au jour sur le site du poste de traite de Tadoussac, sur la Côte-Nord. Il provient d'un sol associé à une occupation datant de 1700 à 1760. Tadoussac devient un lieu de traite important dès la fin du XVIe siècle. Il est fréquenté par les Autochtones, les Français et les Basques à la fois pour la traite des fourrures et pour la pêche. Vers le milieu du XVIIe siècle, Tadoussac devient le centre d'un réseau de traite important appelé « Traite de Tadoussac » ou « Ferme du Roi ». Le site est occupé par des employés des diverses compagnies qui s'y succèdent. Le poste est maintenu au XIXe siècle alors que la vocation des lieux se diversifie. Par ailleurs, des pipes de pierre à tuyau amovible sont mentionnées dans le matériel de traite sur le site au XVIIIe siècle.

Des pipes au décor similaire ont également été mises au jour sur le site du mont Louis en Gaspésie, sur le site de l'îlot des Palais à Québec et dans le site patrimonial du Fort-Senneville, sur l'île de Montréal.

RÉFÉRENCES

DAVIAU, Marie-Hélène. La pipe en pierre dans la société canadienne des XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. Cahiers d'archéologie du CELAT, 26. Québec, CELAT, 2009. 307 p.