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La fiole à sirop de gomme d'épinette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de la variété des bouteilles pharmaceutiques disponibles sur le marché au XIXe siècle. Cette bouteille illustre aussi, par sa fabrication au moule en deux parties, les avancées technologiques en matière de fabrication des contenants en verre au XIXe siècle.

La fiole de sirop de gomme d'épinette est fabriquée à la fin du XIXe siècle au Canada par soufflage au moule en deux parties. L'objet en verre teinté régulier vert est de forme cylindrique, de même que le col. La lèvre est brevetée et les épaules sont tombantes.

La fiole est un récipient à usage pharmaceutique. Les inscriptions moulées sur le corps de l'objet indiquent son contenu, soit du sirop de gomme d'épinette, ainsi que le fabricant, les Soeurs de la Providence. Cette solution sert à traiter la coqueluche, ainsi que les rhumatismes, et serait fabriquée par les religieuses depuis 1843. Il est alors distribué gratuitement aux gens dans le besoin. Cependant, les soeurs deviennent victimes de leur popularité et doivent en produire de plus en plus. En 1863, elles auraient fabriqué près de 50 gallons. Dix ans plus tard, au moment de la mise en marché du sirop, c'est 250 à 300 gallons qui sont produits. Reconnu pour ses nombreuses vertus, le sirop mène même les religieuses au tribunal en 1876. La compagnie « Kerry, Watson & Co. », propriétaire du sirop « Gray's Syrup of Red Spruce Gum », soutient que le sirop des soeurs est une imitation frauduleuse de leur produit. Le juge reconnait que le sirop de gomme d'épinette des Soeurs de la Providence, dont la création précède de 20 ans celle de tout autre sirop de même nature, mérite une priorité d'usage, et donne raison aux religieuses. Cependant, tous les profits provenant des ventes doivent être employés exclusivement aux oeuvres de charité et au bon fonctionnement de l'organisme. Le sirop de gomme d'épinette est aussi exporté vers les États-Unis.

La fiole de sirop est mise au jour dans la maison Paradis, située dans le secteur de Place-Royale, à Québec. Appartenant d'abord aux Jésuites, le terrain est acquis par Philippe Gautier de Comporté (1641-1687) en 1683. Ce dernier y fait construire deux corps de logis. Lourdement abimés lors de la Conquête, ils sont vendus au marchand Joseph Paradis (1732-1802) qui y érige une maison entre 1763 et 1768. Elle change ensuite périodiquement de propriétaire et de vocation, avant d'être acquise par le ministère des Affaires culturelles peu avant 1970 dans le cadre du projet de Place-Royale. Elle est restaurée en 1991 pour retrouver son apparence de la fin du XVIIIe siècle.