Les fragments de biberon ont été sélectionnés pour la collection archéologique de référence du Québec, car ils constituent un objet rarement identifié dans les collections archéologiques du Québec. Son étude permet d'identifier et de reconnaitre les caractéristiques de ce type de contenant.

Le biberon auquel les fragments sont associés est fabriqué entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, une datation basée sur la période de fabrication du biberon de type « limande », ainsi que sur l'utilisation du verre incolore au plomb pour la fabrication du biberon. Les deux fragments composent le goulot ainsi qu'une partie du corps du biberon, ces deux éléments suivant le même axe. Les vestiges de ce dernier laissent présager un corps de forme ovoïdale dont l'une des faces est plate. Rien ne permet de déterminer le lieu de production avec certitude, mais il est connu que l'Angleterre produit la majorité des objets en verre incolore au plomb au XVIIIe siècle. Toutefois, les États-Unis emboitent le pas dès le XIXe siècle.

Le biberon est issu d'une fabrication artisanale : la forme du biberon est donnée lors du soufflage du verre, étape réalisée en soufflant dans une canne au bout de laquelle une masse de verre en fusion est attachée. Au moment de détacher l'objet de verre de la canne, une lime mouillée ou un autre outil est utilisé pour fissurer le verre près de la canne. Un coup sec sur cette dernière permet de détacher le récipient ainsi produit. La surface plate et inégale de la lèvre, ainsi que le rebord intérieur ébréché de l'ouverture résultent de cette méthode de fabrication.

Le biberon est un contenant lié à l'alimentation du jeune enfant. Les biberons sont fabriqués en verre dès le XVIIIe siècle, puisqu'il ne rouille pas ni ne libère d'oxydes métalliques dans le lait, comparativement aux autres modèles en étain ou en fer blanc. Son entretien est également plus facile. Le biberon de type « limande », nommé ainsi à cause de sa forme allongée et aplatie rappelant celle du poisson du même nom, est un modèle dont le goulot permet d'y adapter une tétine. Le goulot effilé demande toutefois au nourrisson un plus grand effort de succion.

Jetés dans une fosse au moment de l'enfouissement d'un tonneau vers 1850, les fragments de biberon sont mis au jour au cours de l'hiver 1984-1985 sur le site de Place-Royale, à Québec, dans la tranchée Saint-Jacques. L'objet est subséquemment restauré.