Le ciseau à calfater fait partie de la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il témoigne des activités des hommes de métier durant les voyages de pêche. Le calfat était une personne essentielle à l'entretien et au bon fonctionnement du navire.

Le ciseau à calfater est un outil utilisé par le calfat pour calfeutrer le bordé d'un navire à l'aide de brai et d'étoupe ou de matériaux semblables. Un ciseau à lame mince peut aussi être utilisé pour fendre le bois. Cet outil est apporté sur le site des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave vers la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. Il a une lame évasée à bout droit reliée à une courte tige à section carrée et à extrémité plate. Il mesure 10,6 cm de longueur et la lame a 3,1 cm de largeur à son extrémité. L'extrémité active de l'outil, qui est très mince, est mal conservée et a un aspect effrité.

Le calfatage des navires est une étape importante dans la construction et dans l'entretien des navires à voiles construits en bois, dont il faut constamment assurer l'étanchéité. La tâche du calfat consiste à boucher et à imperméabiliser les joints de la charpente du navire en introduisant un matériau souple, telle l'étoupe, dans les espaces entre le bordé, puis à appliquer un matériau colmatant, tel le brai, pour empêcher l'eau de s'infiltrer dans le navire. L'étoupe est de préférence fabriquée à partir de fibres de chanvre ou de lin, mais il est possible d'utiliser aussi d'autres fibres végétales, comme de la laine ou d'autres poils d'animaux et même des cheveux humains, quoique ces matériaux soient moins absorbants et donc moins efficaces. Plus tard, les fibres de coton peuvent aussi servir de base à l'étoupe. Le brai est généralement fabriqué à partir de résine provenant le plus souvent de pin, mais plusieurs autres ingrédients peuvent être utilisés dans les différentes recettes de fabrication de brai, de goudron et d'autres produits utilisés pour calfater le navire. Le ciseau de calfat a en général une lame à bout arrondi permettant d'introduire les produits dans les interstices. La lame du ciseau est trop dégradée et amincie pour pouvoir déterminer sa forme originale. Un ciseau à bois, utilisé pour fendre le bois, aurait un bout de lame mince. Par contre, son autre extrémité pourrait se déformer et s'élargir en raison des coups de maillet fréquents, nécessaires pour introduire la lame dans le bois à fendre. L'extrémité proximale, près du manche de ce ciseau, est en bon état et non déformée.

Le ciseau est trouvé en 1993 dans la couche d'occupation d'un bâtiment construit sur le site des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave et utilisé par les chasseurs de baleine basques vers la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. Ce bâtiment, recouvert de tuiles et probablement doté d'une cheminée, était situé à proximité d'un four à double foyer. Il se peut qu'il ait été détruit par un feu après son abandon. Puisque l'incendie semble avoir touché toute la pointe du site, il est possible, quoique moins probable, qu'il s'agisse d'un feu de forêt plutôt que de l'incendie du bâtiment seulement. Le bâtiment a abrité un foyer culinaire et un petit aménagement de pierres qui pourrait avoir supporté une enclume, destinée au travail de forge. De nombreux tessons appartenant à une marmite à pâte chamois à fond plat, décorée de bandes appliquées portant un motif de losanges, sont trouvés dans le bâtiment ainsi qu'un tesson de marmite à fond plat à pâte rouge. Il y a également plusieurs outils, dont une vrille de tonnelier et un ciseau, probablement utilisé pour le calfatage des navires, de nombreux éclats de briquet en silex et des fragments de pierres à aiguiser. Sont également mis au jour une grande balle pour un mousquet ou une autre arme à feu de grand calibre utilisée à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, un petit couteau fragmentaire, des chevrotines, vraisemblablement utilisées pour la chasse, ainsi que des chemins de coulée témoignant de la fabrication de munitions sur place. Enfin, une perle de verre ovoïde blanche découverte sur le site pourrait signifier que les Basques s'adonnaient à des activités de traite avec les Autochtones.

Le ciseau a été restauré par le Centre de conservation du Québec.