Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de tuile à touraillage. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Fragments de tuile à touraillage. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Fragments de tuile à touraillage. Vue de détailImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CfEt-27 > Unité de fouille 1A1

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de tuile à touraillage ont été sélectionnés pour la collection archéologique de référence du Québec, car ils sont un rare témoin des méthodes de production dans les distilleries du Québec. De plus, cet artéfact porte des traces de son utilisation, témoignant ainsi d'un processus utilisé pour le séchage du grain dans la production de whisky de la Beauport Distillery.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de tuile à touraillage en terre cuite commune non vernissée font partie d'un objet fabriqué entre 1830 et 1911, possiblement en Angleterre. La pâte est orangée et plutôt compacte, et la surface des fragments est perforée de trous. Le patron du dessous est effectué à l'aide d'une matrice cylindrique comportant de petites tiges qui produisent une série d'empreintes caractérisant les perforations et un motif en surface. Cependant, cette tuile est trop fragmentaire pour en déterminer le motif. La mécanisation de la production à échelle industrielle de ces tuiles débute vers 1840 en Angleterre.

La tuile à touraillage est un matériau de recouvrement qui sert au séchage des céréales entrant dans la fabrication de boissons alcoolisées, dont la bière. Ces plaques perforées forment une sole, appelée touraille, construite dans une malterie sur laquelle les grains à sécher sont déposés. Le touraillage suit le trempage et la germination des céréales et précède l'étape de la mouture du grain. Cette étape fait cesser la germination et permet au malt de développer ses qualités pour la fabrication d'alcool. Le grain peut être séché à l'air libre, au moyen d'une source de chaleur artificielle comme un four, ou en combinant ces deux méthodes. Les fragments sont noircis sur l'une de leurs faces, témoignant de l'utilisation d'une source de chaleur pour le séchage des grains.

D'après les découvertes archéologiques, les surfaces de touraillage sont largement utilisées au Québec de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il en existe plus de huit modèles, facilement identifiables par la présence de groupes de petits trous et de grosses empreintes au-dessous. Plusieurs types de tuiles peuvent se retrouver dans la composition d'une même touraille, conséquemment aux bris et aux réparations. Certaines possèdent des marques de fabricants britanniques, mais il est aussi possible, étant donné le nombre élevé de brasseries et de distilleries dans la région de Québec, que certaines tuiles soient produites localement. La deuxième moitié du XIXe siècle voit apparaitre de nouvelles méthodes de séchage du malt. L'utilisation de la tuile à touraillage décline ensuite graduellement, jusqu'à son abandon définitif par la brasserie Boswell vers 1911.

Les fragments de tuile à touraillage sont mis au jour en 2015 sur le site de la Beauport Distillery, lors de la fouille de l'aire associée à une ancienne touraille. Le complexe industriel de Beauport voit le développement de trois grandes entreprises spécialisées dans les activités de distillerie ou de brasserie aux abords de la rivière Beauport. Parmi celles-ci, la « Beauport Distillery » aurait été en exploitation à partir de 1830, jusqu'à une date qui demeure inconnue. En 1814, John Henderson fait construire un moulin servant à fabriquer des clous découpés. En 1820, ce dernier s'associe à Colin McCallum pour fonder la brasserie-distillerie Henderson. Vers 1830, Henderson et McCallum ajoutent divers bâtiments, dont un moulin à grain et deux entrepôts destinés aux activités de la distillerie. En 1838, les associés louent la distillerie à la compagnie Rodger, Dean and Co. qui souhaite produire du whisky, mais la distillerie est abandonnée l'année suivante. Vers 1850, les terrains sont repris par Jean-Baptiste Renaud qui concentre ses activités sur la production de farines. Puis, vers 1904, le distilleur de vinaigre Alfred Robitaille devient le propriétaire des lieux. Selon certaines recherches, sa compagnie, la Eureka Distillery Limited, produit également du whisky. En 1931, l'entreprise ferme ses portes, laissant ainsi le terrain vacant.

RÉFÉRENCES

FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
GOYETTE, Manon. Inventaire archéologique de la rivière Beauport. Rapport d'intervention 2015 (CfEt-26, CfEt-27, CfEt-28 et CfEt-29). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de Québec, 2016. s.p.
QUESNEL, Annie. Le site du Premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la septième campagne de fouilles (1988). Rapports et Mémoires de recherche du CÉLAT, 20. Sainte-Foy, CÉLAT, Université Laval, 1991. 219 p.