Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à bière. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Bouteille à bière. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

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Bouteille à bière. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

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Bouteille à bière. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

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Bouteille à bière. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

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Bouteille à bière. Détail du goulotImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-30 > Opération 17 > Sous-opération E > Lot 98 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à bière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle illustre la variété des contenants en verre utilisés dans la commercialisation des différents produits de la Brasserie Dow entre 1909 et 1968.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à bière en verre teinté régulier de couleur bleue est soufflée à la machine de type « Owens » après 1904. Inventée en 1903 et brevetée l'année suivante par Michael J. Owens (1859-1923), cette machine à souffler le verre est la première à être complètement automatisée. Le procédé fonctionne par l'aspiration du verre fondu dans un moule ébaucheur, produisant ainsi des bouteilles à l'aspect uniforme. Elle laisse cependant une marque d'aspiration caractéristique sur le fond de la bouteille, résultant du coupage du verre une fois le moule rempli. En 1917, la moitié des bouteilles fabriquées aux États-Unis sont produites par ces machines qui deviennent très populaires pendant la seconde moitié du XXe siècle. Mais l'octroi des permis d'utilisation se fait à prix fort, ce qui favorise l'apparition de nouveaux engins, tels que la machine individuelle à chargeur automatique mise au point aux États-Unis en 1920.

La bouteille est dotée d'un système de fermeture à capsule, ou de type « Crown », breveté aux États-Unis en 1892 et encore utilisé de nos jours. Ce système de fermeture nécessite un goulot à dessus aplati et à lèvre arrondie, originellement façonné à la pince de finition, sur lequel s'accroche la collerette de la capsule. D'une seule grandeur, celle-ci s'adapte au goulot lors du capsulage, rendant la bouteille à usage unique. À l'origine, un disque de liège est disposé à l'intérieur. Par la suite, la capsule porte la marque du commerçant et le liège est remplacé par le linoléum, puis par le plastique.

La bouteille à bière est mise au jour en 1983 sur le site de l'îlot des Palais, à Québec, correspondant à l'ancienne brasserie Boswell. Elle est retrouvée dans un contexte associé à l'enfouissement d'une poutrelle lors de travaux de rehaussement exécutés après 1919. Le brasseur de Québec Joseph Knight Boswell (1812-1890) commence à travailler pour le brasseur John Racey vers 1830. En 1842, Boswell loue les installations de Racey pour établir la Anchor Brewery. En 1852, il fonde une nouvelle brasserie sur la rue Saint-Vallier sur le site de l'ancienne brasserie Talon (1668-1675). Cette nouvelle brasserie est à l'origine d'une des plus grandes entreprises brassicoles du Québec. Boswell transforme le site en ajoutant des étages aux bâtiments existants et de nouvelles installations, dont deux tours associées à des tourailles et un atelier de tonnellerie. L'entreprise est prospère, mais Boswell connait des difficultés financières. En 1887, elle est rachetée par la « Boswell and Brother », exploitée par ses fils, James et Vesey. La brasserie mise sur des installations modernes et fait l'objet de nombreux agrandissements. Au décès de son frère, Vesey Boswell (1856-1935) devient l'unique propriétaire et le premier brasseur de Québec à s'incorporer à la National Breweries Ltd en vendant la brasserie en 1909. En 1952, la National Breweries Ltd est récupérée par les Brasseries canadiennes de Toronto qui devient, en 1968, la brasserie O'keefe Ltd. Cette transaction permet la fusion des brasseries Dow, Dawes, Frontenac et Boswell pour créer la Dow Brewery Limited. La bière Boswell cesse d'être produite au profit de la bière de marque Dow et Kingsbeer. La brasserie Dow connait un immense succès jusqu'en 1966, alors qu'une rumeur publique relie le décès de 16 personnes à la consommation de la bière Dow. La production de la brasserie de Québec est alors arrêtée et celle-ci est approvisionnée par la brasserie de Montréal. L'année suivante, la brasserie Dow fusionne avec la brasserie O'Keefe. En 1973, d'autres fusions mènent à la création de la Carling O'Keefe Limited. Finalement, en 1989, Molson fusionne avec Carling O'Keefe. Le complexe est fermé quelques années plus tard, en 1991.

RÉFÉRENCES

FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
GUIMONT, Jacques. Le site du premier palais de l'intendant à Québec : rapport préliminaire de la quatrième campagne de fouilles, 1985. Rapports et mémoires de recherche du CÉLAT, 8. Québec, CÉLAT, 1987. 186 p.
LINDSEY, Bill. Historic Glass Bottle Identification & Information Website [En Ligne]. https://sha.org/bottle/index.htm
MOUSSETTE, Marcel. Le site du Palais de l'Intendant à Québec : Genèse et structuration d'un lieu urbain. Nouveaux cahiers du CÉLAT, 10. Québec, Septentrion, 1994. 229 p.