Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pierre à feu. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pierre à feu. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 19

Contexte(s) archéologique(s)

Village autochtone

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pierre à feu a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit d'un objet qui joue un rôle important dans la vie quotidienne du XVIIe siècle, mais qui est rarement étudié ou mis en valeur.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pierre à feu est un fragment de marcassite qui sert à allumer le feu et qui a été utilisé sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. Elle a la forme d'un bloc pyramidal à base carrée, mais aux côtés très irréguliers, mesurant 4,1 cm de hauteur maximale avec une base trapézoïdale de 2,3 sur 2,5 cm de côté. Les quatre faces du bloc pyramidal comportent des concavités de forme allongée témoignant de l'utilisation de la pierre à feu pour créer des étincelles pour l'allumage du feu. Le fragment pèse 42,5 g et pourrait être d'origine locale ou importé d'Europe.

La pierre à feu en marcassite a été mise au jour lors des fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Elle a été trouvée dans la couche d'occupation initiale du site, à l'endroit où des maisons longues de la partie nord-ouest du village étaient construites. La pierre à feu fait maintenant partie de la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Au XVIIe siècle jusqu'au XIXe et même parfois au XXe siècle, le feu est toujours allumé à l'aide de briquets à percussion principalement. Ces briquets comportent trois éléments, dont deux pour créer l'étincelle et un combustible permettant d'attiser le feu. Plusieurs combinaisons sont possibles, soit des briquets métal contre pierre ou des briquets pierre contre pierre. L'élément en métal est idéalement en acier, soit un batte-feu en forme d'étrier spécialement conçu pour cette tâche, soit une simple lame de couteau. Un objet en fer tel un clou peut remplir cette tâche, quoique moins efficacement qu'un objet en acier. Le deuxième élément est une pierre, comme le silex. Mais autant l'acier que le silex peuvent être remplacés par une pierre ferreuse, soit un nodule de pyrite de fer ou de marcassite.

L'entrechoquement entre le briquet métallique et le silex, la pierre à feu, crée une étincelle suffisamment chaude pour pouvoir attiser un combustible, habituellement de l'amadou. Le type d'étincelle nécessaire pour allumer le feu peut aussi être obtenu par la percussion entre deux marcassites, entre la pyrite de fer et la marcassite ou entre l'acier et la pyrite ou la marcassite, mais jamais par l'utilisation de deux fragments de silex. C'est en fait le carbone contenu dans le fer de la marcassite, de la pyrite ou de l'acier et le soufre présent dans les pierres qui permettent d'obtenir une étincelle assez chaude pour allumer un combustible, tandis que l'étincelle visible à la suite de la frappe du silex contre le silex est essentiellement lumineuse, mais froide. De plus, cette dernière n'est pas éjectée du point d'impact et ne peut donc pas être projetée sur un combustible.

Le combustible idéal pour créer le feu est l'amadou, tiré de l'amadouvier, un champignon parasite de grande taille qui pousse sur certains arbres feuillus. Son utilisation pour le feu est attestée depuis la préhistoire. Une autre technique pour l'allumage du feu est le procédé par friction.

RÉFÉRENCES

COLLINA-GIRARD, Jacques. Le feu avant les alumettes. Expérimentation et mythes techniques. Archéologie expérimentale et ethnographie des techniques, 3. Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2016. 152 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.