Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Monnaie. AversImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Monnaie. ReversImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération S > Lot 100 > Numéro de catalogue 516

Contexte(s) archéologique(s)

Fondation
Presbytère
Tranchée de construction

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La monnaie a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car ce douzain de Charles IX est une pièce très ancienne datant du XVIe siècle, toujours en circulation au XVIIe siècle. La monnaie a aussi été refrappée d'une fleur de lys sur l'avers en 1640 ou après, à la suite de la réforme monétaire de Louis XIII, moment où sa valeur a été augmentée à quinze deniers.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La monnaie est un douzain du règne de Charles IX utilisé pour le commerce sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. Fabriqué en billon, son contour circulaire est un peu informe et une partie extérieure est manquante, de sorte que les inscriptions sont parfois seulement partiellement conservées. La monnaie mesure 2,3 cm de diamètre et est très mince, son épaisseur étant inférieure à 0,1 cm.

L'avers de la monnaie affiche un écu à trois fleurs de lys et couronné au centre, bordé d'un C du côté gauche. L'inscription partiellement conservée se lit « [CAR] OLVS. IX. DG. F [RANC. R. ] ». L'année de la frappe du douzain ainsi que la marque de l'atelier monétaire ne sont plus lisibles. Une fleur de lys a été refrappée sur le coin supérieur droit de l'écu, ce qui a effacé une des fleurs de lys de l'écu ainsi que la lettre C du côté droit de celui-ci. Sur le revers, il y a une croix échancrée au centre, cantonnée d'une fleur de lys toujours visible entre deux des branches et possiblement une couronne située dans un espace voisin. Une deuxième fleur de lys ainsi qu'une deuxième couronne située entre les autres branches de la croix ne sont plus identifiables. L'inscription partiellement conservée sur le pourtour se lit « SIT. N [OM] EN. DOMINI. BENED[ICTVM] ». La surfrappe d'une fleur de lys sur l'avers a aussi créé une dépression dans la surface de la monnaie.

Le douzain en billion est frappé durant le règne de Charles IX (1560 à 1574), mais seulement après 1562. Il est contremarqué sur l'avers d'une petite fleur de lys en conformité avec la réforme monétaire sous l'ordonnance du roi Louis XIII de juin 1640. Cette ordonnance aura aussi pour conséquence d'augmenter la valeur du douzain de 12 à 15 deniers. La longue période d'utilisation de cette pièce du XVIe siècle a eu pour conséquence une usure importante de la monnaie qui est très mince, partiellement effacée et au contour incomplet. La dégradation de la pièce s'est certainement aussi poursuivie durant son long séjour dans le sol.

Le douzain de Charles IX a été mis au jour lors des fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Il a été trouvé sous les vestiges de la fondation du deuxième presbytère, construit sur l'emplacement du coin nord-ouest du village autochtone de la mission Notre-Dame-de-Lorette vers 1700. Deux autres monnaies ont été découvertes dans le même dépôt, sous un mur qui aurait supporté le plancher de la partie est du bâtiment. Il pourrait s'agir d'une monnaie utilisée lors de l'occupation du village par les Hurons à la fin du XVIIe siècle. À ce titre, les pièces de monnaie trouvées sur le site soulèvent la question à savoir si les Hurons et les Iroquois de la mission ont commencé à utiliser la monnaie européenne en plus des objets de traite traditionnels dans leurs rapports commerciaux avec leurs voisins franco-canadiens immédiats. La monnaie est maintenant conservée dans les collections du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

RÉFÉRENCES

CIANI, Louis. Les monnaies royales françaises de Hugues Capet à Louis XVI : avec indication de leur valeur actuelle. Paris, 1926. 502 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.