Laboratoire d'archéologie du Québec
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Assemblage d'ossements de castors. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mâchoire, face interneImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Mâchoire, face externeImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération E > Lot 6 > Numéro de catalogue 200

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assemblage d'ossements de castors a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit de l'animal le plus chassé pour la traite des fourrures et que la présence des os de castor sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette montre que les Hurons et les Iroquois établis à proximité de la colonie française étaient vraisemblablement toujours très impliqués dans cette traite.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assemblage d'ossements de castors représente des restes alimentaires et de chasse associés à l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. Les restes squelettiques se composent d'une mandibule droite complète d'un animal adulte mesurant 10,3 cm de longueur, de trois os crâniens, de 21 os postcrâniens et d'une dent prémolaire détachée. Ces os appartiennent à un nombre minimum de trois individus. Un des os, un fémur mesurant 9,7 cm de longueur, porte des traces de coupures et de hache et un des os crâniens est partiellement brûlé.

Sur la mandibule, cinq dents sont toujours présentes, dont la longue incisive, une prémolaire et trois molaires. Les os crâniens comprennent un fragment de l'occipital et deux os pétreux droits, dont un est altéré par le feu, les os postcrâniens comportent une vertèbre caudale et une vertèbre lombaire, deux fragments de côtes, six fémurs, dont trois gauches et trois droits, un humérus droit, un calcanéus droit, deux métatarses et trois phalanges, ainsi qu'un tarse gauche. Les traces de boucherie se trouvent sur un fémur gauche.

Les os de castor ont été trouvés lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Ils ont été mis au jour dans une couche correspondant à un dépotoir qui s'est formé après l'abandon du deuxième presbytère de L'Ancienne-Lorette, vers la fin du XVIIIe siècle. Cette zone de rejet semble comporter des sols bouleversés et contient aussi de nombreux autres artéfacts reliés à l'occupation de la mission au XVIIe siècle. Les os de castor appartiennent probablement aux écofacts provenant des couches anciennes remaniées associées à la mission Notre-Dame-de-Lorette du XVIIe siècle. Des os de castor ont aussi été identifiés à plusieurs autres endroits du site et notamment dans des couches d'occupation initiale ou dans des fosses d'entreposage utilisées à la mission. Les os de castor identifiés ici ont fait l'objet d'une analyse zooarchéologique à l'automne 2018 et font maintenant partie de la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Le castor est l'emblème de la traite des fourrures, moteur de l'économie de la Nouvelle-France pendant toute son existence. C'est l'animal le plus chassé par les Autochtones, et les Hurons ont traditionnellement joué un rôle de premier ordre dans la traite des fourrures. Après leur arrivée à Québec, ils ne pouvaient plus assumer le rôle d'intermédiaire de la traite qui leur revenait dans leurs terres ancestrales de la baie Georgienne en Ontario, mais cela ne les empêchait pas de continuer eux-mêmes à faire la chasse de cet animal dont la fourrure était prisée par les Français. Le castor pouvait aussi représenter un apport alimentaire important. En fait, tout comme la loutre et le rat musqué, le castor en tant qu'animal aquatique était même considéré être un poisson et pouvait donc être consommé les jours de jeûne et lors du carême. Un avantage non négligeable pour des communautés autochtones converties au catholicisme, comme celles, huronne et iroquoise, de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

RÉFÉRENCES

GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
NOËL, Stéphane. « Restes zooarchéologiques ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 591-600.
TRIGGER, Bruce G. The Children of Aataentsic : A History of the Huron People to 1660. Montréal, McGill-Queen's University Pres, 1976. 913 p.