Laboratoire d'archéologie du Québec
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Chapelet. Vue généraleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chapelet. DétailImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Chapelet. DétailImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle, vue à l'horizontaleImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle, vue du trou d'enfilageImage
Photo : Émilie Deschênes 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération E > Lot 6 > Numéro de catalogue 198

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le chapelet a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il représente un objet de dévotion qui évoque la vocation religieuse du site de la mission Notre-Dame-de-Lorette et parce que des perles de verre ont été utilisées pour sa fabrication, démontrant ainsi une autre fonction attribuable à ces petits bijoux.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le chapelet est utilisé à la mission Notre-Dame-de-Lorette au cours du dernier quart du XVIIe siècle. Il est fragmentaire et se compose d'un ensemble de 72 perles de verre circulaires de couleur noir opaque, dont la majorité est toujours enfilée sur une chaînette faite en alliage cuivreux. Une partie conservée du chapelet forme une attache à laquelle devaient être suspendus un crucifix ou une médaille, qui sont manquants. Un total de 55 perles de grande taille et 17 perles de petite taille forment les grains du chapelet. Sur la partie intacte du chapelet, elles se retrouvent en groupes de dix grandes perles, séparés par un ensemble de trois petites perles circulaires, mais certaines perles sont manquantes dans les séries. La chaînette est composée de liens individuels en forme de « S », dont les boucles opposées sont orientées perpendiculairement l'une à l'autre de façon à permettre un enchaînement harmonieux entre les maillons. Chaque lien porte une perle de grande taille individuelle ou trois petites perles sur un maillon plus long.

Sur le fragment de chapelet le plus long, il y a quatre groupes qui étaient à l'origine composés de dix grandes perles, dont deux ont perdu une perle. Une des sections à trois petites perles a aussi perdu une perle. Dans l'ensemble, le chapelet comportait au moins six sections à dix perles. L'attache est formée d'un maillon plus long dont la partie centrale a été torsadée à deux reprises pour former une boucle dans laquelle s'insère un autre maillon avec trois petites perles. La plupart des perles sont couvertes d'une couche de patine, parfois iridescente, qui donne aux perles un aspect terne, ou lustré bleuâtre par endroits. La longueur totale du plus grand fragment est de 29 cm et deux sections détachées mesurent 4,5 cm et 5,3 cm de longueur. Les grandes perles ont un diamètre d'environ 0,55 à 0,6 cm et une hauteur d'environ 0,3 à 0,4 cm; les petites perles mesurent environ 0,3 cm de diamètre et ont une hauteur d'environ 0,2 cm seulement.

Le chapelet est un objet de dévotion qui accompagne des cycles de prières. On peut suivre l'ordre des prières individuelles en égrenant les grains du chapelet. L'utilisation du chapelet pour compter des prières était une pratique adoptée par des chrétiens en Europe depuis au moins le début du XVe siècle, et probablement bien plus ancienne, et c'est en 1495 qu'une bulle du Pape Alexandre VI a donné un statut officiel et sacré à l'utilisation du chapelet. Différentes versions du chapelet existent, mais les prières comportent habituellement entre un et trois cycles de cinq décades, c'est-à-dire dix prières de l'Ave Maria, entrecoupées par un Notre Père. Le chapelet est complété par une autre série de prières représentées par les éléments suspendus du chapelet sur l'attache, pouvant comporter une croix, un crucifix, une médaille ou d'autres objets. Une particularité du chapelet de la mission Notre-Dame-de-Lorette est que la grandeur des perles est inversée : les petites perles habituellement utilisées pour les Ave Maria sont ici plus grandes, tandis que les grandes perles uniques utilisées pour le Notre Père sont ici remplacées par des séries de trois petites perles.

Les grains de chapelet peuvent être fabriqués dans des matériaux très variés, dont les graines, l'os, le bois, l'ivoire, le verre, la pierre, le jet, l'ambre, les pierres précieuses ou semi-précieuses, l'or, les vraies perles en nacre, le corail, le bois de santal et même l'ambre gris.

Ce chapelet a été trouvé lors de fouilles réalisées sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette en 2018. Il a été mis au jour dans une couche correspondant à un dépotoir qui s'est formé après l'abandon du deuxième presbytère de L'Ancienne-Lorette, vers la fin du XVIIIe siècle. Cette zone de rejet contenait aussi de nombreux autres artéfacts associés à l'occupation de la mission au XVIIe siècle. Il est maintenant conservé dans les locaux du Laboratoire et de la Réserve d'archéologie du Québec.

RÉFÉRENCES

BLAIR, Elliot H., Peter, Jr. FRANCIS et Lorran S. A. PENDLETON. The Beads of St. Catherines Island. Anthropological papers of the American Museum of Natural History, 89. New York, American Museum of Natural History, 2009. 312 p.
DEAGAN, Kathleen. Artifacts of the Spanish Colonies of Florida and the Caribbean, 1500-1800. Volume 1: Ceramics, Glassware, and Beads. Washington, D.C., Smithsonian Institution Press, 1987. 222 p.
DEAGAN, Kathleen. Artifacts of the Spanish Colonies of Florida and the Caribbean, 1500-1800. Volume 2: Portable Personal Possessions. Washington, D.C., Smithsonian Institution Press, 1987. 372 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
STONE, Lyle M. Fort Michilimackinac, 1715-1781: An Archaeological Perspective on the Revolutionary Frontier. Anthropological Series, 2. s.l. Michigan State University Museum, East Lansing, 1974. 367 p.