Laboratoire d'archéologie du Québec
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Aiguille à chas. Côté AImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Aiguille à chas. Côté BImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-12 > Numéro de catalogue 8193

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'aiguille à chas a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle illustre la variabilité des objets façonnés à partir de matières animales dures à la période de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Elle a aussi été choisie en raison de sa rareté sur les sites de la période archaïque en général et parce qu'elle témoigne des activités liées à la couture et au travail sur les matières organiques souples qui sont, elles aussi, absentes du registre archéologique de cette période au Québec.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'aiguille à chas est un outil associé aux différentes activités liées à la couture ou encore à la reliure de différentes pièces à l'aide d'une ligature ou d'un fil à coudre. Elle comporte une longue tige cylindrique dont l'extrémité distale est aménagée en forme de pointe et dont l'extrémité proximale est perforée. L'extrémité proximale de l'objet est amincie et abrasée de manière à former un plat. La perforation est réalisée à l'aide d'un objet en pierre taillée, ou encore en cuivre natif, de manière à y passer une fine ligature ou un fil à coudre. L'objet, qui est entier, mesure 10 cm de longueur. Il s'agit d'un spécimen soigné et de grande taille. Étant donné sa tige cylindrique et son reflet lustré, l'aiguille pourrait avoir été façonnée à partir d'un piquant de porc-épic.

La couture ne se limite pas à la confection de vêtements et l'utilisation des aiguilles peut être reliée au travail de matériaux divers comme les peaux animales ou l'écorce. L'aiguille en os semble trop fragile pour perforer directement des matériaux résistants, lesquels doivent être percés au moyen d'un perçoir ou d'un poinçon avant d'être cousus.

L'aiguille à chas provient du site archéologique de l'île Morrison. Ce site bien daté de la période de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui a été occupé vers 5 600 et 5 400 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 3 650 à 3 450 ans avant J. C. ). Considéré comme un atelier important, il livre une abondance d'objets en os et en matières animales dures. S'il est généralement présumé que les outils en os sont partout un élément important de la culture matérielle des groupes autochtones de l'Archaïque, la bonne conservation de cette catégorie d'objets pour cette période reculée est une caractéristique beaucoup moins répandue.

Le site de l'île Morrison se distingue aussi à cet égard, alors que plus de 100 aiguilles et 60 poinçons y sont documentés. La riche collection archéologique du site permet de documenter la culture matérielle des groupes autochtones de l'Archaïque récent qui ne bénéficie généralement que d'une faible visibilité archéologique.

L'aiguille à chas en os ne constitue pas un fossile directeur de la période de l'Archaïque, mais sa présence dans la collection archéologique de référence du Québec permet d'illustrer un ensemble de tâches et de techniques employées depuis une période remontant à plus de 5 000 ans.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Île Morrison : lieu sacré et atelier de l'Archaïque dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 28. Hull/Montréal, Musée canadien des civilisations/Recherches amérindiennes au Québec, 1998. 158 p.