Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Tête de harpon à barbelures. Face AImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

IMG2020-0177-0024-Dm
Tête de harpon à barbelures. Face BImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

IMG2020-0177-0023-Dm

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-12 > Numéro de catalogue 3136

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tête de harpon à barbelures a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle illustre la variabilité des armatures distales fabriquées en os à la période de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Elle a aussi été retenue en raison de la rareté des artéfacts en os sur les sites associés à la période archaïque en général.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tête de harpon à barbelures est un instrument utilisé principalement pour la chasse ou la pêche. Certaines têtes de harpon sont détachables et comportent une perforation qui permet d'attacher la tête à la hampe du harpon au moyen d'une ligne et de conserver ainsi un lien entre sa partie détachable et son utilisateur. La tête de harpon à barbelures ne présente pas de perforation et appartient plutôt au type d'armatures solidement emmanchées à la hampe d'une lance.

La tête de harpon est de forme lancéolée et a des bords parallèles. Son extrémité distale pointue est polie pour faciliter sa pénétration dans l'animal chassé. La série de quatre barbelures régulières unilatérales, c'est-à-dire réparties sur un seul bord de l'outil, a un profil oblique qui ne se projette que légèrement au-delà du corps de la pièce. Ces barbelures sont cependant bordées d'encoches profondes qui contribuent à la performance de l'outil en retenant une proie transpercée par le harpon.

La tête de harpon a été mise au jour sur le site de l'île Morrison, qui a été daté avec précision par la méthode radiocarbone, ainsi que par ses assemblages d'outils diagnostiques de la phase Brewerton de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Le site, qui a été occupé vers 5 600 et 5 400 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 3 650 à 3 450 ans avant J. C. ), est considéré comme un important atelier lié à la fabrication d'objets en matières animales dures, en pierre taillée et polie et en cuivre natif. Le site sert également de lieu de rituel important, plus d'une vingtaine de sépultures y ayant été répertoriées.

La riche collection archéologique du site, caractérisée par la présence très rare d'un vaste assemblage d'objets en os et de déchets de fabrication, permet de documenter la culture matérielle des groupes autochtones de tradition laurentienne de l'Archaïque récent qui ne bénéficie que d'une faible visibilité archéologique. S'il est généralement présumé que les outils en os sont partout un élément important de la culture matérielle des Autochtones de l'Archaïque, la bonne conservation de cette catégorie d'objets pour cette période reculée est une caractéristique beaucoup moins répandue. L'atelier du site de l'île Morrison a livré ainsi plus de 80 spécimens de harpons et offre une fenêtre sur ces productions et leur variabilité. La tête de harpon emmanchée à barbelures constitue ainsi l'un des principaux types identifiés sur le site et dont l'utilisation est possiblement répandue à la période de l'Archaïque récent.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Île Morrison : lieu sacré et atelier de l'Archaïque dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 28. Hull/Montréal, Musée canadien des civilisations/Recherches amérindiennes au Québec, 1998. 158 p.