Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontaleImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération L > Lot 24 > Numéro de catalogue 344

Contexte(s) archéologique(s)

Trace de piquet

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Cette perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison de sa couleur rouge, qui serait une couleur de choix chez les groupes iroquoiens, dont les Hurons, et pour sa forme tubulaire qui est plus rare sur le site.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est utilisée sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle. La perle, de couleur rouge opaque « Redwood », est très longue et est cassée en deux fragments. Ceux-ci présentent des fractures à leurs extrémités. Elles mesurent 2,3 cm et 1,55 cm de longueur respectivement pour une longueur totale conservée de 3,86 cm. Leur section est légèrement ovale et leur diamètre est de 0,37 sur 0,43 cm. La perle, de type Ia1 selon la typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972, appartient aux perles de petite taille en raison de son diamètre.

Pour fabriquer la perle, une paraison (goutte) de verre chauffé et malléable est soufflée à la bouche pour obtenir une bulle. Un pontil est fixé sur la bulle à l'extrémité opposée à la canne et deux travailleurs étirent la bulle de verre pour obtenir une longue tige de verre creuse ayant le diamètre désiré pour les perles. Une fois refroidie, la tige de verre est découpée selon la longueur voulue des perles. Les trous des perles sont bouchés à l'aide d'un mélange de charbon et de sable et les perles sont réchauffées dans un contenant qui est agité pour obtenir un fini plus arrondi ou ovale. Ensuite, les perles sont nettoyées et polies grâce à l'effet d'abrasion produit en les brassant dans un sac rempli de son.

La perle de verre est un objet décoratif. Elle peut être utilisée comme parure personnelle, intégrée dans un collier ou un bracelet ou dans d'autres bijoux. Elle peut aussi servir à créer un motif décoratif cousu sur un objet ou un vêtement. Certaines perles de verre, surtout celles de forme ronde ou circulaire, servent aussi de grains de chapelet. Dans le contexte colonial français, les perles de verre tiennent une fonction importante comme monnaie d'échange dans la traite de fourrures avec les groupes autochtones.

Un nombre important de perles de couleur rouge ont été mises au jour sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Plusieurs chercheurs notent une préférence apparente pour les perles de couleur rouge chez les peuples iroquoiens qui contraste avec l'intérêt observé pour les perles de verre blanches et bleues chez les groupes algonquiens.

Cette perle a été trouvée lors de fouilles réalisées en 2018 sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle provient d'un aménagement creusé, probablement un trou de poteau associé à une maison longue construite sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette et occupée entre 1673 et 1697. Après les fouilles, la perle a fait l'objet d'une analyse spécialisée et a été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

Ainsi, en Ontario et en Iroquoisie, la présence de perles rouges augmente au cours du XVIIe siècle. En Ontario, les collections de perles provenant de sites abandonnés en raison des guerres iroquoises vers 1649-1950, dont des sites hurons, affichent une prédominance des couleurs rouge et turquoise. À cette époque, les perles de forme tubulaire sont également plus fréquentes qu'auparavant et l'utilisation de la catlinite, pierre tendre de couleur rouge, s'est aussi répandue sur ces sites. En Iroquoisie, les perles de couleur rouge dominent les collections durant le troisième quart du XVIIe siècle, mais leur présence diminue de façon significative à la toute fin du siècle. Au Québec, par contre, les collections de perles de verre des contextes du XVIIe siècle des postes de traite de Chicoutimi et de l'Ashuapmushuan, ainsi que de la mission sulpicienne de l'île aux Tourtes datant du premier quart du XVIIIe siècle, tous fréquentés par des groupes algonquiens, affichent un nombre de perles de couleur rouge somme toute plutôt modeste. Ce fait contraste avec le nombre important de perles rouges trouvées à la mission Notre-Dame-de-Lorette qui étaient utilisées par les Hurons et les Iroquois y vivant au dernier quart du XVIIe siècle. Ceci semble donc être en continuité avec la tendance observée en Ontario et en Iroquoisie.

RÉFÉRENCES

GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
HERZOG, Anja. « Perles en verre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 545-584.
KENYON, Ian T. et Thomas KENYON. « Comments on 17th Century Glass Trade Beads from Ontario ». HAYES III, C. F., dir. Proceedings of the 1982 Glass Trade Bead Conference. Research Records, 16. Rochester, Rochester Museum and Science Center, 1983, p. 59-74.
KIDD, Kenneth E. The excavation of Ste Marie I. Toronto, University of Toronto Press, 1949. 191 p.
KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
MOREAU, Jean-François. « Histoires de perles… d’avant Jean de Quen ». Saguenayensia. Vol. 35, no 2 (1993), p. 21-29.
MURRAY, Annie-Claude. L'Île aux Tourtes (1703-1704) et les perles de traite dans l'archipel montréalais. Université de Montréal, 2008. s.p.
RUMRILL, Donald A. « The Mohawk Glass Trade Bead Chronology: ca. 1560-1785 ». BEADS: Journal of the Society of Bead Researchers. Vol. 3 (1991), p. 5-45.
WRAY, Charles F. « Seneca Glass Trade Beads, c. A.D. 1550-1820 ». HAYES III, C. F., dir. Proceedings of the 1982 Glass Trade Bead Conference. Research Records, 16. Rochester, Rochester Museum and Science Center, 1983, p. 41-49.