Laboratoire d'archéologie du Québec
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Patin de traîneau. Face AImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Patin de traîneau. Face BImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Patin de traîneau. ProfilImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EcBv-2 > Numéro de catalogue INQ5A-4

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de patin de traîneau a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif de l'occupation de la région de la Côte-Nord au XVIIIe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le patin de traîneau est fabriqué au Canada au XVIIIe siècle. Il consiste en une plaque en os rectangulaire sciée et sablée et permet au traîneau de glisser sur la neige. Le traîneau à chiens, ou cométique, est un véhicule servant au transport des gens, du matériel et du courrier en hiver sur de longues distances. Il est équipé de deux patins en bois de grève ou en os sur lesquels est posée une série de traverses dans un matériau similaire. Les traverses sont fixées aux patins par des lanières de cuir de phoque, sans trop les serrer, ce qui permet au traîneau de se déformer de manière flexible lors de son passage sur les crêtes de glace et les hummocks. Les patins sont généralement renforcés par de la corne ou de l'os, le plus souvent des os de baleine fixés à l'aide de chevilles. Pour réduire la friction, la semelle des patins peut être recouverte d'une mince couche d'eau, qui glace immédiatement, ou de tourbe gelée. Des peaux sont utilisées pour maintenir le matériel transporté en place pendant le voyage. Le nombre de chiens dans l'attelage varie, allant de deux ou trois animaux à plus d'une dizaine. Chacun est attelé au cométique par un trait de longueur différente, permettant à l'attelage de tirer en ligne ou en éventail.

Objet emblématique de la vie dans le nord, le nom de ce véhicule vient de l'inuktitut « qamotiq/qamutiik ». Principal moyen de transport en hiver dans les régions nordiques, le cométique apparait dans le registre archéologique il y a environ un millier d'années, à l'époque de l'arrivée des groupes thuléens dans le nord du Canada. Le complexe des traîneaux à chiens est considéré comme l'un des principaux éléments de culture matérielle empruntés aux Inuits. Dans les années 1700, il est d'ailleurs adopté par les engagés eurocanadiens des postes de pêche de la Basse-Côte-Nord et du détroit de Belle Isle. La motoneige remplace l'attelage de chiens au début des années 1960 pour tracter le traîneau.

Le patin de traîneau incomplet est mis au jour en 1973 sur le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou, ancien poste de traite et de pêche situé sur la Basse-Côte-Nord. Ce poste est une concession accordée au sieur Jacques de Lafontaine de Belcour en 1733 et ratifiée en 1736. Une carte ancienne anonyme montre les bâtiments du poste, incluant les habitations du maître et des engagés, un magasin, un hangar, des installations pour fondre l'huile de phoque, ainsi que l'endroit où les filets pour capturer les phoques étaient fixés sur des îlots rocheux. La baie de Nantagamiou et l'embouchure de la rivière Itamamiou présentent une configuration particulièrement propice pour cette pêche, puisque des îles y créent un corridor naturel par lequel les phoques sont forcés de se diriger, les menant éventuellement vers des enclos de filets arrimés au rivage. La concession de Lafontaine est renouvelée en 1745 et malgré la prospérité de cette entreprise, où pas moins d'un millier de phoques sont capturés et traités sur place chaque année ainsi qu'une quantité appréciable de pelleteries (martres, renards, loutres et castors) et de duvet, il accumule des dettes qui le mènent à la faillite en 1754. Il doit alors céder à ses créanciers ses possessions en Basse-Côte-Nord. Le poste de Nantagamiou passe alors aux mains de nouveaux propriétaires qui poursuivent la vocation économique du lieu jusque dans les années 1770, puis avec un rendement moindre jusqu'à la fin du XIXe siècle. Les lieux sont pratiquement abandonnés au XXe siècle.

Une première intervention archéologique effectuée en 1973 a révélé les vestiges d'une occupation datant de la première moitié du XIXe siècle, de même que des artéfacts associés exclusivement au milieu du XVIIIe siècle. Classé en 1974, ce site en partie localisé et exploré a été inspecté une dernière fois en 1983. Le matériel provenant du site constitue une des rares collections qui témoignent des activités d'exploitation du loup marin durant le régime français.

RÉFÉRENCES

GAUMOND, Michel. Site archéologique de Nantagamiou, Basse Côte-Nord du St-Laurent. EcBv-2. s.l. Ministère des Affaires culturelles, 1974. 7 p.
NIELLON, Françoise. « Poste de pêche et de traite de Nantagamiou ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 488.