Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-5 > Opération 9 > Sous-opération E > Lot 3 > Numéro de catalogue 51

Contexte(s) archéologique(s)

Institutionnel enseignement
Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment d'ardoise a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif d'une catégorie d'objets liée à l'enfance, celle de l'éducation et des apprentissages. Il a également été choisi parce qu'il provient d'un contexte lié à l'enseignement.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment d'ardoise est fabriqué au XIXe siècle en Europe ou en Amérique du Nord, peut-être au Canada.

Le fragment d'ardoise est un support d'écriture servant à la communication écrite dans le cadre d'un apprentissage. Cet objet consiste en fait en une portion de tableau d'écolier. Ce type d'objet est particulièrement populaire au XIXe siècle et au début du XXe siècle, alors que la plaque d'ardoise est montée dans un cadre de bois. L'utilisateur écrit sur la pierre avec une craie ou un crayon d'ardoise qui laissent des traits pouvant être effacés. Si le crayon utilisé est plus dur que le tableau, ou si sa composition est irrégulière, il peut rayer la surface de la plaque. D'ailleurs, ce fragment porte des marques laissées par l'utilisation d'un tel instrument. L'inscription « PAY », formée par des traits doubles, est située entre deux lignes horizontales gravées, aussi appelées trottoir d'écriture. D'autres lignes gravées se croisent en leur centre, formant peut-être à l'origine des triangles, et un arc de cercle irrégulier est aussi visible. L'ensemble pourrait aussi représenter un cercle divisé en pointes. Bien que l'ardoise soit une pierre fragile, elle a l'avantage d'être réutilisable et convient à certaines étapes de l'apprentissage ou certaines méthodes d'enseignement en remplaçant le papier, économisant espace et matériel. Quand l'élève devient plus habile, ou pour d'autres exercices, il passe au crayon de graphite ou à la plume. L'ardoise d'écolier se distingue habituellement des ardoises de toiture par la surface lisse et par des côtés droits, et la trace d'un cadre est parfois visible.

Le fragment d'ardoise est mis au jour en 2017 sur le site du Petit séminaire de Montréal. La construction de l'institution est entreprise en 1804 par les Sulpiciens, et achevée en 1807. L'école accueille les jeunes garçons âgés de 8 à 21 ans et leur offre le cours classique ainsi qu'un enseignement préparatoire à l'université. Les pensionnaires peuvent aussi orienter leur éducation vers la voie du sacerdoce. Dans la foulée de la guerre de Sécession aux États-Unis (1861-1865), l'armée britannique s'installe dans le Collège de 1862 à 1870. Le fragment d'ardoise est jeté ou perdu dans les latrines occupant la tourelle au sud du bâtiment au cours du XIXe siècle. Les artéfacts associés à l'occupation par les séminaristes et à l'occupation par l'armée sont toutefois entremêlés dans les couches archéologiques.

RÉFÉRENCES

Ethnoscop inc. Projet du 21e arrondissement, phase IV. Stationnement situé à l'angle sud-est du quadrilatère formé par les rues Saint-Paul Ouest, Saint-Henri, William et Duke à Montréal. Site du Petit séminaire (BiFj-5). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ethnoscop/Prével/21e arrondissement, 2018. 118 p.
HADE, Isabelle. « Note de recherche. De l'école à la guerre: le Petit séminaire de Montréal (BiFj-5) à travers la culture matérielle ». Archéologiques. No 32 (2019), p. 89-104.